L'activité de l'artisanat s'enracine dans la crise. Selon les derniers chiffres de la Capeb, l'année 2014 devrait s'achever en recul (entre-1,5% et 2%). Retour en chiffres sur le troisième trimestre et les perspectives 2014-2015.

"Le temps politique est long et nous avons besoin que les réformes soient effectives maintenant", Patrick Liébus, président de la Capeb, le martèle à chaque fois : le discours du gouvernement doit être clair, lisible et efficace.

 

Si le CITE a été adopté ainsi que la loi sur la transition énergétique, leurs effets ne seront visibles que d'ici à quelques mois. En attendant, le secteur de l'artisanat "est ancré dans la crise", souligne Patrick Liébus. Cette spirale négative se traduit en chiffres avec notamment une baisse de l'activité au 3ème trimestre de -2%, notamment en raison de la contraction dans le neuf (-4% en volume par rapport à la même période de l'année dernière). De son côté, l'activité entretien et rénovation enregistre un léger recul de 0,5%. Même constat pour le volume des travaux d'amélioration de la performance énergétique des logements qui affiche -0,5%. La Capeb précise que les entreprises de moins de 10 salariés sont les plus impactées (-2% contre 1,5% pour les entreprises de 10 à 20 salariés).

Les trésoreries impactées

Conséquences directes de ces résultats, les entreprises ne voient pas le bout du tunnel. "Nous observons une détérioration des trésoreries : 32% au troisième trimestre contre 29% au deuxième", s'inquiète le président de la Capeb. En octobre 2014, le montant moyen des besoins des entreprises atteint 17.000 euros. Ces dégradations s'expliquent, entre autres, par la hausse des délais de paiement des clients (pour 6% des entreprises) et des défauts de paiement (pour 8% des entreprises). "Si les banques sont d'accord pour prêter aux particuliers et aux entreprises, sous quelles conditions ?", interroge Patrick Liébus. Dans ce contexte, quid des carnets de commande ? Ils sont en recul avec 71 jours de travail en moyenne au troisième trimestre contre 78 un an plus tôt.

 

De plus, le budget des collectivités territoriales, impacté par le gel des dotations de l'Etat, laisse entrevoir une diminution des entreprises déclarant travailler pour les collectivités (24 % contre 36 % au même trimestre de l'année précédente). Selon Patrick Liébus : "C'est un affaiblissement du tissu de proximité", lié à un système des marchés publics "perverti".

Perte d'emplois, cessation d'entreprise

De ces conclusions dérivent une baisse de l'emploi, avec une prévision de perte de 3.000 à 4.000 emplois en 2014. Toutefois, si la baisse est moins forte qu'en 2012 et 2013 avec respectivement 10.000 et 15.000 emplois supprimés, elle a des conséquences : "Il ne devrait pas y avoir d'embauches. Mais au-delà de tout cela, ce sont les pertes de nos savoir-faire et nos compétences qui sont préoccupantes", glisse le président de la Capeb.

 

Au final, en 2014, l'activité de l'artisanat devrait afficher un recul compris entre 1,5% et 2%. Concernant 2015, les perspectives ne sont pas réjouissantes car, selon les données de la Capeb, l'activité de l'artisanat devrait se réduire dans le neuf (-1% ; -2%), mais aussi en volume (-0,5% ; 0%). Seule petite lueur d'espoir, l'entretien et la rénovation qui pourraient afficher +0,5% et +1%.

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