Ouessant, Molène, Sein et Groix sont engagées dans la transition énergétique. Ces territoires insulaires, non raccordés au réseau électrique continental, représentent des zones idéales pour expérimenter des énergies renouvelables liées à l'océan. En plus de viser l'autonomie énergétique, les îles souhaitent réduire leur empreinte écologique, elles qui sont en première ligne face à la montée des mers.

La ministre de l'Environnement annonçait, en mai dernier, l'allocation d'une enveloppe d'un million d'euros pour accélérer la transition énergétique dans onze îles bretonnes du Morbihan et du Finistère. Ce 6 septembre 2016, trois d'entre elles, Ouessant, Molène et Sein, ont donné le coup d'envoi d'un programme destiné à les rendre 100 % EnR d'ici à 2030. Non reliées au réseau national de distribution d'électricité, ces trois îles dépendent aujourd'hui principalement de centrales au fioul pour leur alimentation. Seule l'île d'Ouessant a bénéficié, pendant quelques temps, de courant électrique généré par l'hydrolienne Sabella D10, immergée dans le passage du Fromveur. Mais la machine a connu divers déboires et ne devrait être opérationnelle à nouveau qu'à l'automne.

 

Miser sur les EnR et la baisse des consommations

 

Les trois îles prévoient d'installer des éoliennes et panneaux solaires photovoltaïques sur leurs territoires, tout en menant un programme d'amélioration des performances énergétique du bâti existant, public comme privé, et en modernisant l'éclairage public. L'île de Sein, par exemple, a inauguré l'an passé un éclairage 100 % LEDs qui consomme six fois moins que le système classique antérieur : de quoi économiser 16.000 litres de fioul chaque année sur les 420.000 nécessaires à l'approvisionnement global de l'île. La mairie avait également distribué localement trois ampoules basse consommation aux foyers senans, et encouragé d'un coup de pouce financier, l'achat de réfrigérateurs et congélateurs de classe énergétique A++. Autres initiatives que prendront les trois îles du Finistère, installer des bornes de recharge de véhicules électriques ou distribuer des "kits poules-poulaillers" pour aider au traitement de certains déchets ménagers. Molène envisage, de son côté, de rénover des cabanes de goémoniers, situées sur l'îlot de Ledenez, pour en faire des refuges autonomes énergétiquement grâce à des capteurs solaires.

 

 

Parallèlement, l'île de Groix bénéficiera d'une aide conséquente de la région, d'un montant de 85 M€, pour l'implantation de sa ferme pilote d'éoliennes flottantes. Le projet porté par Eolfi-CGN en collaboration avec GE-Alstom, DCNS et Vinci, prévoit l'installation de quatre turbines de 6 MW chacune, à une quinzaine de kilomètres au large. Il est pour l'heure estimé à 183,3 M€. La préfecture de région précise : "[La ferme pilote] pourra se développer à six éoliennes et fournir ainsi l'équivalent de la consommation électrique de la ville de Lorient (58.000 habitants, NdlR)". Les quatre îles semblent donc vouloir en finir avec le dicton de marin qui disait "Qui voit Ouessant, voit son sang ; Qui voit Sein, voit sa fin ; Qui voit Molène, voit sa peine ; Qui voit Groix, voit sa croix", pour le remplacer par un résolument plus optimiste : "Qui voit les îlots bretons, voit la transition".

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