INCIDENT TECHNIQUE. D'après Guillaume Pépy, président de la SNCF, la panne rencontrée à la gare Montparnasse le 30 juillet serait due à "un défaut dans les travaux" liés à la mise en service de nouvelles LGV vers Rennes et Bordeaux. Détails.

Le président de la SNCF, Guillaume Pépy, a affirmé dans une interview au journal Ouest France, que la panne ayant paralysé la gare Montparnasse le 30 juillet 2017 était liée à "un défaut dans les travaux" menés dans le cadre de nouvelles LGV vers Bordeaux et Rennes. "L'incident trouvait sa source dans un poste de commande de l'aiguillage, situé à Vanves, au sud de Paris. Un défaut d'isolement a été repéré sur l'installation. La maintenance de l'installation n'est pas mise en cause", a-t-il également précisé. Avait été en effet réalisée une "extension" de l'équipement concerné, pour laquelle une "montée en puissance était nécessaire". Pour le président de la SNCF, la "forte sollicitation du réseau" a pu jouer un rôle dans la panne.

 

Ainsi, alors qu'Elisabeth Borne, secrétaire d'Etat aux Transports, semblait faire, dans un premier temps, le lien entre cet incident et le manque d'entretien du réseau existant, il semblerait finalement que l'erreur soit d'une autre origine, liée à des travaux neufs. Le scénario évoqué par Guillaume Pépy donne toutefois une sorte de légitimité aux choix politiques du gouvernement actuel en matière d'infrastructures : privilégier l'entretien, et faire une pause en matière de grands projets. "Il faut accorder la priorité aux transports de la vie quotidienne, à l'entretien et à la modernisation de nos réseaux", a affirmé le 1er août Elisabeth Borne à la radio Europe 1. "Ce sont trois milliards d'euros qui vont être investis chaque année pour rénover le réseau qui s'est fortement dégradé. La priorité sur les LGV s'est faite au détriment des réseaux existants : nous allons revoir les priorités." Les assises de la mobilité seront lancées à la rentrée, et elles seront suivies d'un projet de loi mobilité début 2018. Guillaume Pépy est, sur ce point, au diapason avec le gouvernement. "Je pense que c'est une orientation prioritaire pour la SNCF", a-t-il affirmé à Ouest France.

 

Elisabeth Borne a également demandé "aux deux présidents de la SNCF" de lui remettre un rapport sur cette défaillance "d'ici la fin de la semaine". Ce document, sera "accessible à tous sur notre site dès vendredi", a promis Guillaume Pépy. "Après enquête, nous détaillerons précisément les causes de l'incident et formulerons certaines recommandations, qui pourraient aller dans le sens de ce que propose le gouvernement."

 

"Il faut sauver le réseau existant", Philippe Duron, député

 

Pour Philippe Duron, député auteur en 2013 d'un rapport qui fait référence sur l'état des infrastructures, au-delà de l'incident de Montparnasse, la question de l'entretien des infrastructures se pose toujours. "L'Etat a fait des efforts depuis 2005", explique-t-il à Batiactu. "A l'époque, 500 millions d'euros étaient investis chaque année pour maintenir les infrastructures, aujourd'hui nous sommes à trois milliards." Mais cette progression rencontre des limites. "Difficile d'aller plus vite sans moyens humains. SNCF Réseau embauche, mais les techniciens et ingénieurs ne peuvent pas être opérationnels immédiatement, il faut les former."

 

Par ailleurs, les 1.500 chantiers de rénovation entrepris chaque année entraînent davantage de perturbations dans le service. Ce qui peut donner l'impression aux voyageurs que les infrastructures ne sont pas assez bien entretenues, alors qu'elles le sont davantage qu'avant. "Il s'agit aujourd'hui de sauver le réseau existant, et cela vaut autant pour le rail que pour la route", affirme sans ambages Philippe Duron. "Mais je suis confiant. La prise de conscience a eu lieu."


La FNTP pour une maintenance plus régulière des installations

 

La Fédération nationale des travaux publics porte haut et fort ce même message depuis de nombreuses années. "Il faudrait que la maintenance des réseaux soit faite régulièrement", affirme ainsi à Batiactu José Ramos, président de la Fédération des travaux publics d'Île-de-France. Le professionnel des TP prend l'exemple de l'entretien d'une voiture. "Tous les 15.000 à 20.000 kilomètres, vont devez faire un contrôle. Pour les infrastructures, c'est la même chose." Selon lui, si le nombre d'incidents sur le réseau ferroviaire venait à s'accroître, il pourrait finir par être boudé par les usagers. "Si la situation n'est plus assez sûre, tant sur le plan de la sécurité que de la ponctualité, les gens en viendront à se demander si c'est vraiment un moyen de transport efficace."

 

Bruno Cavagné, président de la FNTP, avait rappelé le message aux principaux candidats à la présidentielle, le 24 février dernier.

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