Alors que la Cop 21 arrive à grands pas, la filière bois-forêt est bien décidée à dévoiler ses atouts en matière de développement durable. Néanmoins, le secteur montre encore quelques faiblesses, notamment dans sa structuration. Afin d'y remédier, le ministre de l'Agriculture prévoit de lancer une stratégie basée sur l'innovation à destination de l'ensemble des acteurs.

"Le matériau bois doit être utile et utilisable", le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'est montré convaincu par le potentiel de la filière bois, ce mardi 27 octobre 2015, lors de la présentation d'un colloque sur le thème "Filière forêt-bois et changement climatique : investir pour l'avenir", qui aura lieu le 5 novembre prochain, néanmoins il a reconnu qu'elle n'était pas "suffisamment structurée".

 

Pour pallier ce manque, il propose de mettre en place une stratégie de l'innovation pour l'ensemble de la filière afin d'entamer des changements d'ici à 2025-2030. Cette stratégie, qui sera dévoilée début 2016, s'organisera autour de quatre axes : l'innovation des modèles d'exploitation ; l'innovation des process des marchés (amont/aval) ; la bio-économie ; et l'innovation des méthodes de financement pour valoriser la forêt.

A la recherche de capitaux

Sur ce dernier point, la filière ne le cache pas : elle est à la recherche de capitaux. "La forêt n'a pas la place qu'elle devrait avoir dans notre pays. Elle a vécu longtemps dans un isolement où son financement était dans un circuit fermé limité au financement familial", souligne Pierre Achard, président de l'Association des sociétés et groupements fonciers et forestiers. Et de compléter : "Aujourd'hui, il faut trouver de nouveaux investisseurs qui veulent avoir de la forêt dans leur patrimoine". Pour cela, plusieurs pistes sont évoquées comme la création d'un nouveau produit sur le modèle des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) ou encore la mise en place de crédits forestiers éligibles au système européen des échanges de quotas dans le cadre des marchés du carbone. On pourrait également citer la possibilité pour les compagnies d'assurance d'investir dans la filière, et enfin l'amélioration des groupements forestiers d'investissement entre particuliers.

Captation de CO2

Ce point du financement est important pour le développement de la filière : "Il faut la tirer par les marchés et la moderniser par l'économie", note Luc Charmasson, président de France Bois industrie entreprises. Des actions sont déjà entamées comme la naissance de Cambium, une association créée en partenariat avec le conseil régional de Centre Val de Loire et Arbocentre, qui vise à favoriser la création, la reprise ou le développement d'entreprises.

 

Pour séduire un maximum d'investisseurs, la filière s'appuie sur ces différentes activités : gestion durable de la forêt, énergie, construction etc. "La filière bois-forêt compense 20% des émissions de CO2. Ces 20% sont le résultat de la séquestration du CO2 par la forêt, du stockage du carbone dans les produits bois et la substitution, par le bois, de matériaux et énergie plus émetteurs de CO2", note le ministère dans un dossier de presse. A quelques semaines de la Cop 21, la filière compte bien se faire entendre et promouvoir son potentiel.

 

Zoom sur les chiffres de la construction bois
- 1.984 entreprises
- Chiffre d'affaires : 3,7 milliards d'euros, soit 3% du chiffre d'affaires national du bâtiment
- Nombre de salariés : 28.850
- 44% des entreprises du secteur de la construction bois sont dans le secteur des travaux de charpente
Source : enquête 2014 Codifab et France bois forêt

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