Le sinistre qui a tué 22 personnes dans l'hôtel parisien relance le sujet de la sécurité dans les lieux publics, le ministre de l'Intérieur ayant annoncé vouloir «encore renforcer» la réglementation incendie. Par ailleurs, le drame soulève des interrogations sur la précarité de l'hébergement social.

«Au vu de ce qui s'est passé dans cet hôtel rue de Provence, il faut sans doute que nous allions plus loin en particulier en ce qui concerne la réglementation incendie» a déclaré dimanche Dominique de Villepin, sur Europe 1. Souhaitant «tirer les leçons» de ce drame, le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'il avait «demandé au directeur de la Sécurité civile de réunir très rapidement un groupe d'experts et de (lui) remettre des propositions pour renforcer encore cette réglementation. «Nous ne pouvons pas perdre de temps, dès lors qu'il y a de tels risques encourus», a-t-il souligné.

Pour revenir aux causes de l'incendie du Paris-Opéra, le gérant de l'hôtel a été entendu par les policiers de la brigade criminelle chargés de l'enquête. Après avoir effectué un contrôle de sécurité le 24 mars dernier à l'hôtel, la préfecture de police de Paris aurait émis quatre recommandations sans pour autant fermer ce lieu d'hébergement. «Les mesures recensées ne faisaient pas obstacle à la poursuite de l'exploitation de cet établissement», selon un porte-parole de la préfecture. L'hôtel aurait notamment été prié de réviser ses installations électriques, d'achever l'aménagement de la chaufferie à gaz et de prouver qu'un bloc autonome d'éclairage de sécurité, hors service, avait été remis en état. Des consignes que les gérants estiment ne pas avoir reçues. Interrogée sur des disjonctages à répétition dans l'hôtel, la fille du gérant a répondu: «Ce n'était pas une défaillance, c'était volontaire. Quand on a commencé à accueillir des gens du samu social en 2000, on les a vus arriver avec un micro-onde, avec des résistances... Un électricien a conseillé à mon père de diminuer l'ampérage pour pouvoir brancher le minimum, juste une télé. Cela a été fait».

D'après des documents de la préfecture de police, au moins 90 personnes se trouvaient dans l'hôtel qui ne pouvait en accueillir que 61. Le Samu social y avait placé 70 personnes. Quatorze autres y étaient logées au titre de l'Aide sociale à l'enfance, selon la mairie de Paris.



Précarité de l'hébergement social

Au-delà des causes sur la sécurité, les conséquences de ce drame relancent le débat sur la précarité de certains lieux d'hébergement sociaux. A ce sujet, la secrétaire nationale du Parti communiste, Marie-Georges Buffet, a demandé la mise en place d'un «grand service public national du logement», dont l'un des objectifs «prioritaires sera le lancement d'un programme sans précédent de construction de logements adaptés aux besoins sociaux».

De leur côté, les associations Droit au Logement et Droits (Dal) devant ont appelé à un rassemblement lundi à 18h devant l'hôtel Paris-Opéra, pour dénoncer «le scandaleux traitement réservé aux pauvres et précaires par le gouvernement». L'objectif de la manifestation est de réclamer des réquisitions d'appartements vides (plusieurs dizaines de milliers à Paris, selon le Dal) et la construction de logements sociaux. «Gouvernement, mairies, Direction des affaires sanitaires et sociales, Samu social ou autres grosses structures caritatives, chacun a sa part de responsabilité dans cette tragédie», estime Droits devant qui dénonce la «gabegie financière» du logement provisoire dans des hôtels meublés. Pour le Dal, ce système «permet aux gérants d'hôtels bas de gamme et parfois de taudis de s'enrichir sur le dos des mal logés». Au Paris-Opéra, les chambres étaient payées 16,50 euros par personne par le Samu social, a expliqué Stefania Parigi, sa directrice générale à Paris.

Enfin, Mathias Bourgarel du Dal affirme qu'il «y avait de la sur-occupation au Paris-Opéra, comme dans tous les hébergements parisiens de ce type». «Il n'y a pas suffisamment d'hébergement collectif pour les familles», ajoute Stefania Parigi qui appelle les «pouvoirs publics à réfléchir à l'hébergement d'urgence». «Dans ce type d'établissements, la sécurité n'est pas très pointilleuse. Cet hôtel, avec une seule porte, avait une tête de souricière», estime Jean-Baptiste Eyraud du Dal.



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