Alors que les Jeux Olympiques d’Athènes devraient être les plus coûteux de l’histoire, seuls quelques sites envisagent d’être rentabilisés. Par ailleurs, les professionnels grecs de l'immobilier craignent qu'un excès d'offre de bureaux, de salles de conférences et de salles de concerts ne provoque une chute du marché. Une leçon à retenir pour Paris 2012.

La facture des Jeux Olympiques d’Athènes pourrait être salée pour les grecs. Selon les dernières estimations, elle s'élèverait à 10 milliards d'euros alors que le budget original prévoyait un coût total de 4,6 milliards d’euros. Les raisons invoquées : la menace sécuritaire mais surtout des retards dans les travaux qui ont conduit le gouvernement de Costas Caramanlis à faire travailler les chantiers 24 heures sur 24.
Malgré l’aide européenne au financement des infrastructures de transports (50% du métro d’Athènes, de 60 km d’autoroutes...) et celle des contribuables grecs, le déficit public sera inévitablement à la hausse en 2004, toujours au-dessus des 3 % du PIB exigés par le Pacte de stabilité.

Mais à quelques jours de la fin des compétitions, le gouvernement - qui devra également gérer la délicate reconversion des sites olympiques - s'interroge sur leur avenir. "D'énormes sommes ont été dépensées pour la construction des sites, mais aucune étude de viabilité économique n'a été entreprise", a souligné mi-août Fanny Palli-Petralia, ministre-adjoint de la Culture en charge des Jeux, lors d'une réunion d'agents immobiliers, de responsables sportifs et de journalistes à Athènes.
Selon une étude de l'université de Salonique commandée par le gouvernement, l'entretien des ouvrages olympiques pourrait coûter plus de 100 millions d'euros par an.
La viabilité financière de la quarantaine d'ouvrages olympiques est donc sérieusement en cause. "Les nouvelles infrastructures peuvent être un héritage positif, mais il y a un risque de surendettement dont le remboursement demandera des années", a récemment mis en garde le cabinet de consultants Pricewaterhouse Coopers.

"Les contribuables grecs ont assez payé. Il est temps d'engranger des dividendes", estime de son côté Christos Hatziemmanouil, président de la société publique Immobilier olympique hellénique, qui a été chargée de rentabiliser une quinzaine de sites. Mais, admet-il, la société n'est prête de signer un quelconque premier contrat. "Nous devons d'abord créer de la demande", estime-t-il. Cependant, il y a déjà un grand intérêt pour les étables du centre équestre de Markopoulo, au nord-est d'Athènes, selon lui.

Plusieurs télévisions grecques seraient par ailleurs intéressées par le Centre international de diffusion (IBC) et des pourparlers sont en cours avec le club de football Ergotelis, tout juste promu en première division, pour qu'il s'installe au nouveau stade de Pankrition construit à Héraklion (Crète) pour les Jeux.
Mais ailleurs, c'est une tout autre histoire. La somptueuse salle de judo et de lutte d'Ano Liossia est située dans une banlieue pauvre et mal desservie par les transports et aucune utilisation convenable ne semble se profiler à l'horizon.
La gigantesque salle d'haltérophilie de Nikaia est elle aussi trop mal desservie, alors que le projet est d'en faire un centre international d'entraînement, grâce à l'hôtel construit sur place. Le bassin d'aviron de Schinias, qui a coûté 150 millions d'euros, se situe dans une réserve naturelle et Hatziemmanouil a averti les investisseurs potentiels qu'ils devront respecter l'environnement dans leurs projets.
Quant au stade de football de la ville de Volos (centre-est de la Grèce), il est "probablement trop grand", admet-il.

Même si tous les sites sont loués, il sera impossible de récupérer le coût de leur construction. "L'objectif réaliste pour la plupart des sites est qu'ils soient suffisamment bien gérés pour payer les frais de fonctionnement et d'entretien", selon lui. Mais ces frais demeurent inconnus et les estimations varient de 25 à 100 millions d'euros par an.
Jusqu'à présent le bilan de la Grèce en termes de rentabilisation de ses sites sportifs est plutôt pauvre. La gestion du complexe sportif de l'OAKA, construit il y a 20 ans et où se trouve notamment le stade olympique, a seulement permis de regagner 25% du coût de sa construction, selon une source informée.

Le stade olympique est d'ailleurs exclu des sites que gère la société Immobilier olympique hellénique. Selon la presse grecque, il devrait être loué au club AEK Athènes, le troisième du pays, mais surtout le plus endetté, ce qui fait dire à certains que l'addition finale devra être payée par les contribuables.
De même le merveilleux, mais très cher, stade de slalom canoë-kayak d'Hellinikon (sud d'Athènes) ne fait pas partie des 15 sites attribuée à la société, et son avenir économique est tout aussi problématique.

Quant aux sites non sportifs comme le siège du comité d'organisation (Athoc), ils devraient être transformés en bureaux pour des ministères.
Mais si les agents immobiliers de la capitale pensent qu'il y a des affaires à faire après les Jeux, ils craignent qu'un excès d'offre de bureaux, de salles de conférences et de salles de concerts puisse provoquer une chute du marché.

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