Une drôle de maison est à visiter en ce moment à Nantes. La Villa Déchets a été bâtie entièrement à base de matériaux recyclés, trouvés dans les déchetteries, mais aussi auprès des grandes enseignes. Derrière ce concept, un leitmotiv : encourager à consommer moins d'emballages.

Nous produisons chacun 390 kg de déchets chaque année : et si l'on se servait de ces rebus comme matière première pour construire une maison ? C'est à peu près l'idée qu'a eue l'association Tabakero, qui a collecté les déchets à Nantes pendant une vingtaine de jours pour construire la «Villa Déchets». Lancée en juin dans le cadre de la Semaine des Energies et de la Biodiversité, l'opération visait à construire «la première villa d'architecte en France réalisée exclusivement à partir de déchets urbains». Frédéric Tabary, architecte d'intérieur et designer, et Yann Falquerho, scénographe, se sont inspirés du projet de la ScrapHouse, à San Fransisco.

 

La ville de Nantes a autorisé l'association à construire son projet sur l'île de la Création, près du célèbre éléphant géant de 50 tonnes, qui déambule chaque année dans les rues avec les «machines de l'île». Pendant vingt jours, fin octobre, Tabakero a récupéré les déchets de bois, acier ou carton apportés par Nantes métropole directement sur le site. Les artistes ont également fait le tour des déchetteries «à la recherche de matériaux intéressants, insolites», et demandé aux Nantais d'apporter leurs déchets verts pour les stocker dans le composteur de 9 m3 situé à côté du chantier. Ensuite, c'est la construction à proprement parler qui a débuté, là encore sur vingt jours : structures, murs, mais aussi les meubles, avec l'aide de designers et de professionnels du recyclage d'objets et de matériaux.

 

Réduire les déchets
«L'objectif du projet est d'engager un débat citoyen sur la thématique de la réduction des déchets en mobilisant des bénévoles sur un événement à large couverture médiatique», indique l'association. Pour cela, de nombreuses célébrités ont été conviées à venir donner un coup de main sur le chantier, en plus des 2.700 bénévoles. L'acteur Bruno Solo a même participé à la vente aux enchères pour la location de nuitées dans la villa, dont les bénéfices sont reversés à une association. Le projet a été sponsorisé par de nombreuses entreprises, et l'Ademe a également apporté son soutien à l'opération, en proposant son expertise dans les domaines de l'environnement, de l'énergie et du développement durable. Jusqu'au 31 décembre, on peut visiter la villa, et même y dormir pour une nuit. En janvier elle sera démontée, puis remontée dans l'éco-quartier de la Bottière-Chénaie pour bénéficier à des associations.

 

D'autres villas à Paris et New York
Le mot d'ordre reste la nécessité de réduire ses déchets en amont de la consommation, et d'engager un débat citoyen tout en construisant une vraie maison. «Le recyclage n'est qu'un maillon de la chaîne», estime Frédéric Tabary. «Cette villa est avant tout le symbole de la prévention des déchets, pour rappeler qu'il est inutile d'acheter des objets surremballés». Les deux compères projettent même d'exporter le concept, et de déployer le projet «Villa Déchets» à Paris, Bruxelles et New York. En 2011, c'est Paris qui accueillera le projet mais cette fois, ce ne sont pas les bénévoles qui travailleront mais des artisans. «Ils seront les fers de lance de l'opération, ils devront trouver des solutions de recyclage et de construction avec les matériaux amenés sur le site», explique Frédéric Tabary. Le budget sera également plus conséquent, avec 1,7 million d'euros (contre 280.000 euros pour la villa de Nantes). Rendez-vous en juin 2011.

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Récupération

Pendant vingt jours, fin octobre, Tabakero a récupéré les déchets de bois, acier ou carton apportés par Nantes métropole directement sur le site.

Déchets

Les artistes ont également fait le tour des déchetteries «à la recherche de matériaux intéressants, insolites», et demandé aux Nantais d'apporter leurs déchets verts pour les stocker dans le composteur de 9 m3 situé à côté du chantier.

Ile de la Création

La ville de Nantes a autorisé ce chantier éphémère à se tenir sur l'île de la Création, célèbre pour abriter notamment les Machines de l'île.

Chapiteau

Montage du chapiteau qui doit abriter une partie du chantier.

Sous le chapiteau

Une fois construits sous le chapiteau, les différents modules en matériaux recyclés seront assemblés pour devenir la Villa Déchets.

Briques de papier

la construction d'un mur fait en briques de papier recyclé, à l'intérieur de la maison.

Wagon

Un ancien wagon de train sert de structure pour un module de la Villa Déchets.

Salon

Même les meubles sont faits en matériaux recyclés.

Portraits

Dans le salon, l'un des tableaux représente des portraits de bénévoles venus travailler sur le chantier.

La villa

La villa est terminée.

Bruno Solo

Le comédien Bruno Solo est l'un des parrains de l'opération. Il a participé à la vente aux enchères de nuitées dans la Villa Déchets.

Nuit à louer

Jusqu'à fin décembre, on peut visiter la Villa Déchets et même... y dormir, le temps d'une nuit ! Les bénéfices seront reversés à une association.