D'ordinaire, les immeubles d'habitation construits dans les années 1960 et obsolètes sur le plan de la conception et de l'isolation sont démolis. Mais, dans le cadre du projet de renouvellement urbain de la porte Pouchet (Paris, 17e), une tour de 100 logements sociaux a été entièrement réhabilitée, en présence de ses habitants.

La tour Bois-le-Prêtre a été construite entre 1959 et 1961 dans le 17e arrondissement de Paris, à la porte Pouchet. Comme toutes les constructions de l'époque, le bâtiment mal isolé, ne répondait plus aux normes actuelles en termes d'économies d'énergie. Deux solutions s'offraient alors à l'OPAC : lancer une opération de démolition/reconstruction, au coût de 170.000 € par logement, ou privilégier un projet de réhabilitation poussée, pour 100.000 € par appartement.

 

Les travaux, confiés aux architectes Frédéric Drouot, Anne Lacaton
Plans de la Tour Bois-le-Prêtre
Plans de la Tour Bois-le-Prêtre © Frédéric Drouot architecte
et Philippe Vassal, ont été réalisés en présence des locataires et en concertation avec eux. Ils permettent aujourd'hui d'offrir notamment de 20 à 60 m² supplémentaires par logement, la création de quatre nouveaux logements en plus des 96 déjà existants ou la mise en place d'une nouvelle classification de ces logements en 7 typologies (du studio au sept pièces) permettant de s'adapter aux différentes tailles de familles. La surface hors d'œuvre du bâtiment est ainsi passée de 8.900 à 12.460 m². Et par l'adjonction de « jardins d'hiver », les appartements voient leur consommation énergétique chuter de 50 %, tout comme les nuisances sonores liées au périphérique. Sans compter une amélioration sensible de la qualité d'usage pour les habitants : lumière, espace, vue, etc.

 

Des modules préfabriqués attachés à la façade
Les appartements ont été agrandis par la mise en place de modules préfabriqués de 7,50 x 3 mètres, empilés les uns sur les autres, et fixés aux façades est et ouest de la tour. Ils forment ainsi un doublement de l'enveloppe. Dans les logements, les fenêtres et allèges existantes ont été remplacées par des baies vitrées en hauteur, ouvrant sur les fameux jardins d'hiver. Ils sont fermés par des cloisons mobiles transparentes en polycarbonate laissant un débord de balcon extérieur. En complément, les fenêtres des séjours ont été équipées de rideaux en Mylar argenté renvoyant 95 % du rayonnement. Des extensions par structures acier ont aussi été apportées sur les pignons nord et sud de la tour.

 

Le projet, de grande envergure, a été imaginé comme une véritable métamorphose. Un budget de 11,25 M€ a été débloqué par la Ville de Paris, la région Île-de-France et l'ANRU. La tour de 50 mètres, est la première de cette hauteur réhabilitée dans le cadre des onze opérations du Grand Projet de Renouvellement Urbain (GPRU) lancé en 2002. D'autres opérations sur des bâtiments implantés près du boulevard périphérique feront l'objet d'interventions d'ici à 2016 : la tour Borel sera démolie tandis que la Barre du même nom et une tour de la Porte de Saint-Ouen (18e) seront réhabilitées. Et une autre barre sera restructurée Porte des Poissonniers (18e).

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