Batiactu : Sur l'outil numérique, où en est-on ?
C.J. :
Le BIM doit être mis en place dans un grand nombre de formations. Nous sommes en phase avec Bertrand Delcambre, désigné "Monsieur BIM" par le ministère. La maquette numérique est un outil qui peut être excellent mais qui demande un encadrement et une délimitation du rôle des différents intervenants. Dans le cadre de la "carte vitale du logement", elle servira à la programmation, la conception et la réalisation des bâtiments. Mais également d'outil en phase d'exploitation, maintenance et entretien, afin de mesurer la performance énergétique. Il sera possible d'intégrer l'ensemble des données liées à la vie de la construction. Mais c'est encore de l'utopie : nous attendons de l'Etat qu'il mette en place les conditions pour sa généralisation. Les marchés publics devraient constituer la première étape. Cependant, l'appel d'offres électronique n'est même pas encore totalement informatisé et le dossier papier est encore nécessaire… Il y a donc un très gros effort à faire.

 

La maquette numérique n'est pas juste une 3D. Elle est interactive et doit permettre le suivi des interventions de tous les acteurs du bâtiment. C'est un énorme travail qui donnera une meilleure idée du coût global de la construction, une avancée utile pour la prise en compte des honoraires des professionnels. Les architectes ont une mission de coordination générale de la maquette numérique. Là encore, il n'est pas besoin de créer de nouveaux métiers. S'il y a une résistance de la part de certains, c'est surtout d'ordre économique. Avec la raréfaction des marchés publics et le développement des marchés privés, on assiste à une fragmentation des missions de l'architecte qui est très dommageable. Le rapport Bloche évoque cet encadrement contractuel : donner une mission complète aux architectes dans tous les cas. De même afin de préserver l'intérêt général dans la fabrication de la ville, il faut donner aux élus le cadre contractuel pour que les architectes et les urbanistes puissent accomplir leurs missions dans des conditions favorables à la qualité architecturale. A Lyon cela fonctionne, à Paris aussi, mais ce n'est pas toujours le cas en dehors des métropoles.

 

Batiactu : Quelles sont les propositions que vous attendez du ministère ?
C.J. :
Des mesures de simplification pour l'intervention des architectes en dessous des seuils réglementaires de 170 m². Nous attendons la signature du décret pour que ce seuil passe à 150 m² et nous patientons avec espoir. Le décret établi par les deux ministères est prêt depuis fin 2013. Mais le changement de ministre a un peu retardé les choses. Sylvia Pinel et Fleur Pellerin sont toutes les deux favorables, et il n'y a pas d'opposition affichée. Ce serait un signe de reconnaissance envers la profession.

 

Fleur Pellerin justement doit faire des annonces à propos de sa vision d'une politique nationale de l'architecture, à l'occasion de la journée de clôture des Universités d'été de l'architecture. Elle nous a dit qu'elle proposerait une stratégie structurante de la profession, basée sur le rapport Bloche.

 

Le ministère de la Culture annonce un projet de loi sur la création et le patrimoine :
Devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, Fleur Pellerin a annoncé qu'elle présenterait au Parlement, "au premier semestre de l'année 2015", un projet de loi sur "la liberté de création, l'architecture et le patrimoine". Ce texte, qui regroupe deux thématiques différentes (création d'une part et patrimoine de l'autre), doit simplifier un système de protection jugé trop complexe.
"L'Etat doit continuer d'être garant de la liberté de création et de son ouverture à toutes les formes d'expression artistique. (…) Ce projet de loi porte aussi d'importantes dispositions relatives à l'architecture et au patrimoine, qui permettront d'une part de clarifier le droit des espaces protégés dans un souci d'efficacité et d'intelligibilité pour nos concitoyens sans pour autant renoncer au niveau de protection. De mettre en œuvre, d'autre part, certaines recommandations du rapport Bloche sur la création architecturale".
Parmi les mesures préconisées dans ce rapport, remis au mois de juillet par le député Patrick Bloche, figurent un assouplissement des règles d'urbanisme pour permettre une plus grande expressivité architecturale, la réglementation actuelle de protection du patrimoine semblant "limiter la diversité des formes urbaines et, partant, la latitude laissée à l'architecte".

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