INTERVIEW. Le président du Centre scientifique et technique du bâtiment, Étienne Crépon, fait pour Batiactu un tour d'horizon des nombreux dossiers qui concernent le secteur de la construction à l'heure de l'urgence climatique, de la décarbonation des activités et de la transition énergétique. Entretien.


Recherche & Développement, décarbonation, hors-site, réemploi, biosourcés, gestion de l'eau... Le président du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), Étienne Crépon, a accordé un entretien à Batiactu pour revenir sur les enjeux auxquels le secteur doit faire face. Des problématiques qui trouvent une résonance toute particulière après la multiplication des records liés au dérèglement climatique tout au long de l'année 2023, des sécheresses aux épisodes météorologiques violents (tempêtes, inondations...) en passant par les canicules. L'occasion aussi pour Étienne Crépon de dresser un premier bilan des diagnostics PEMD (produits-équipements-matériaux-déchets) et de la Base de données nationale du bâtiment (BDNB), des outils respectivement centralisés et pilotée par le CSTB.

 

 


Batiactu : Lors de la Journée de la recherche du CSTB, vous avez expliqué avoir structuré votre réflexion sur les évolutions du bâtiment autour de plusieurs axes stratégiques. Pouvez-vous nous les détailler ?

 

Étienne Crépon : Notre souhait, en tant qu'organisme de recherche appliquée sur les systèmes complexes que sont les villes et les bâtiments, est de nous extraire d'une approche disciplinaire pour aller vers une approche par grands enjeux. Avec un objectif : construire des bâtiments pour bien y vivre, ensemble. Dans un contexte : adapter ces bâtiments au changement climatique. En composant avec une contrainte : la gestion des ressources. Et en relevant un défi : la fiabilisation de l'acte de construire et de rénover, et l'accompagnement de l'innovation.

 

Cela structure quatre domaines d'action stratégique, déclinés en 21 projets de recherche. Pour chacun de ces domaines, nous avons élaboré une feuille de route, avec des enjeux et des objectifs, que nous proposons à l'ensemble des acteurs de la ville et du bâtiment. Une première feuille de route a effectivement été présentée lors de la Journée de la recherche et concerne l'économie circulaire et la gestion de l'eau. Mais la recherche s'inscrivant dans la durée, ces feuilles de route se projettent jusqu'en 2030.

 


Vous avez participé, aux côtés de Philippe Pelletier (président du Plan bâtiment durable), à la préparation d'une autre feuille de route, cette fois sur la décarbonation du secteur du bâtiment. Elle a été rendue en mai, en identifiant 25 leviers à actionner. Lesquels ont été actionnés depuis ?

 

É. C. : La loi Climat et résilience a prévu que l'État et les secteurs économiques les plus émetteurs produisent une feuille de route sur leur décarbonation : sont donc notamment concernés les transports, l'aménagement et bien sûr le bâtiment. Je veux d'ailleurs saluer la mobilisation de tous les acteurs de la construction, via des réunions, des ateliers, des séances de travail, à Paris comme en régions, et ce dans un calendrier contraint. Cette feuille de route prévoit donc une centaine de mesures, certaines relevant de l'État, d'autres des acteurs. Un certain nombre d'entre eux ont commencé à se saisir du sujet, mais le temps du déploiement des mesures est toujours plus long que ce que l'on souhaiterait. Dans tous les cas, la dynamique est créée et l'ensemble de la filière est mobilisée.

 


Le développement du hors-site et celui du réemploi font partie des 25 leviers de la feuille de route de la décarbonation. En quoi peuvent-ils jouer un rôle ?

 

É. C. : Une chose est évidente :
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