CAMPAGNE. Franchement respect : c'est l'intitulé d'une campagne de communication lancée par la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) pour reconquérir les jeunes. L'organisation a pris des engagements avec les pouvoirs publics dans le même temps.

Tout avait commencé il y a un an, à Egletons (Corrèze). "Il faut que commence ici une bataille, arrêter avec le défaitisme français" en matière d'apprentissage et de métiers manuels, avait notamment affirmé le président de la République, en inaugurant l'École d'application aux métiers des travaux publics.

 

Augmenter les effectifs d'apprentis de 50% dans les TP

 

Ce 8 octobre, ce sont les ministres Jean-Michel Blanquer (Éducation nationale) et Muriel Pénicaud (Travail) qui ont signé, au sein des locaux parisien de la Fédération nationale des travaux publics, une convention sur la découverte des métiers des TP et sur l'insertion professionnelle des jeunes avec l'organisation. Elles concrétisent deux engagements : 16.000 collégiens en classe de 3ème seront accueillis dans le cadre du stage d'observation de l'année scolaire 2018-2019 ; et, en matière d'apprentissage, la FNTP a pris l'engagement d'augmenter les effectifs d'apprentis du secteur de 50% d'ici 2023 pour atteindre 12.000 apprentis (contre 8.000 aujourd'hui).

 

 

"Construire des routes, des ponts, des canalisations, cela peut faire fortement vibrer les salariés"

 

Parallèlement, et pour appuyer ces engagements, la FNTP a lancé une campagne de communication pour "reconquérir les jeunes", dont le slogan est "Franchement respect". Elle contient notamment une vidéo, sur un air de rap, que vous pouvez consulter ci-dessous :

 

 

"Construire des routes, des ponts, des canalisations, cela peut faire fortement vibrer les salariés", a rappelé Muriel Pénicaud, ministre du Travail, ce 8 octobre, lors de son intervention à la FNTP. Avant de rappeler certaines mesures de la loi apprentissage, promulguée début septembre 2018 : "Demain, le contenu des diplômes professionnels sera défini par les branches, en co-construction avec l'État." Par ailleurs, un apprenti pourra moduler son parcours et la durée de son contrat en fonction de ses acquis. Enfin, "la loi a prévu qu'en quatrième et en troisième il y aurait 54 heures de prévues pour les jeunes pour découvrir les métiers". Pour la ministre, il y a un défi à relever face à la pénurie de salariés qualifiés. "Les entrepreneurs sur le terrain ne se plaignent plus du Code du travail, aujourd'hui, depuis les ordonnances de septembre 2017. Mais ils cherchent des compétences."

 

Jean-Michel Blanquer et de jeunes apprentis
Jean-Michel Blanquer et de jeunes apprentis © Twitter JM Blanquer

 

Vers une "égale dignité de toutes les filières"

 

Il faudra également faire évoluer les mentalités en ce qui concerne les préjugés sur les métiers manuels. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, en est conscient. "L'une des mesures les plus simples et importantes que j'ai pu prendre l'année dernière, a consisté à réunir les principaux de collège de France pour leur dire qu'ils ne seraient plus jugés sur le pourcentage d'élèves qui iraient dans l'enseignement général, technologique ou en apprentissage", a-t-il estimé devant les professionnels des TP. "Il s'agissait de prendre acte de l'égale dignité de toutes les filières. Le choix des élèves s'en est fait sentir en cette rentrée 2018 : +40,5% de candidats pour l'apprentissage, +5% dans l'enseignement professionnel. C'est un premier signal considérable."

 

"Pour embaucher des apprentis, nous avons besoin de visibilité"

 

Pour Bruno Cavagné, président de la FNTP, l'idée est bien évidemment de participer à ce mouvement qu'on espère de fond, pour "augmenter notre attractivité et convaincre un nombre croissant de jeunes de s'orienter vers les métiers des travaux publics". Le professionnel s'est toutefois permis d'effectuer une allusion au projet gouvernemental de supprimer le taux réduit de TICPE. "Le seul bémol à cette dynamique, c'est le manque de visibilité pour nos entreprises. Il faut que nous ayons des travaux pour embaucher. Mais Bercy [le ministère des Finances, NDLR] nous empêche parfois de déployer toutes nos ambitions !"

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