JUSTICE. L'ex-candidate LR à l'Hôtel de ville de Paris, Rachida Dati, a affirmé mercredi à l'AFP avoir dénoncé à la justice des avantages que la mairie aurait accordé au groupe Unibail, concessionnaire de la Tour triangle, qui selon elle, relèvent du "favoritisme" ou d'un "détournement de fonds publics".

S'appuyant sur un rapport de la chambre régionale des comptes, l'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati, candidate malheureuse à la mairie de Paris, a fait savoir qu'elle a transmis jeudi des courriers dénonçant ces faits au procureur de Paris Rémy Heitz et au procureur financier Jean-François Bohnert, confirmant une information du Parisien et du Canard enchaîné.

 

"Le rapport de la cour des comptes est assez clair. Je n'ai fait que reprendre des faits qui sont qualifiables pénalement", a expliqué à l'AFP Mme Dati. La chambre régionale de comptes d'Ile-de-France a estimé dans son rapport que le projet de la Tour Triangle avait été "inséré de façon critiquable dans l'enceinte du Parc des expositions de la porte de Versailles", situé au sud de la capitale. En outre, pour réaliser ce projet, la ville de Paris a accepté d'indemniser le concessionnaire du parc des expositions, Viparis (filiale d'Unibail-Rodamco), à hauteur de 263 millions d'euros "pour un préjudice non démontré", a-t-elle également pointé.

 

 

La ville a certes résilié sa concession de manière anticipée, mais lui a attribué un nouveau contrat lui permettant de continuer à exploiter les installations. Ce contrat a été attribué "dans des conditions en partie contestables", souligne également le rapport. Outre des délais de dépôt d'offre courts, compte tenu de la complexité du projet, la ville de Paris a demandé aux candidats un droit d'entrée de 263 millions d'euros. Elle a accepté que Viparis s'acquitte de cette somme en "renonçant à l'indemnité de résiliation anticipée de la concession", alors que l'autre candidat devait "autofinancer" ce droit d'entrée, selon cette source. La ville de Paris "s'est ainsi privée d'une ressource nette tout en provoquant une distorsion de concurrence pour l'attribution du nouveau contrat", conclut la Chambre régionale des comptes.

 

L'intérêt "nul" du projet pour la Ville

 

"Le rapport démontre que la réalisation du projet de la Tour triangle n'a répondu à aucun intérêt de la ville de Paris et qu'elle a été programmée afin de favoriser les intérêts d'une personne morale privée, à savoir la société Unibail", dénonce Rachida Dati dans ses courriers que l'AFP a pu consulter. "Ainsi, le groupe Viparis a été dispensé de réaliser les investissements de modernisation programmés dans le cadre de la concession, avec pour effet de faire financer par la concession la finalisation du projet de Tour porté par une autre société de ce même groupe, ce qui s'apparente à une situation de favoritisme", explique-t-elle.

 

"De surcroît", poursuit l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, "la ville de Paris a accepté d'indemniser son concessionnaire à hauteur de 263 millions d'euros pour un préjudice dont la chambre estime qu'il n'est pas démontré". "Les interrogations de la chambre sur la partie du montant correspondant aux bénéfices non perçus par le concessionnaire, soit 152 millions d'euros, n'ont reçu aucune explication de la part de la ville. Cela pourrait être qualifié de détournement de fonds publics", a-t-elle estimé.

 

Pour être validé, le projet de la Tour Triangle doit être voté par le Conseil de Paris mais les écologistes, partenaires de la majorité et l'opposition de droite sont hostiles au projet, souligne Rachida Dati. "Si la tour n'est pas construire, il faudra que Mme Hidalgo s'en explique parce qu'il faudra à nouveau verser des indemnités", prévient-elle.

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