INVESTIGATION. L'enquête devant notamment définir les causes de l'incendie de la tour Grenfell, à Londres, qui a fait plus de 80 victimes, a été officiellement lancée outre-Manche.

L'enquête sur l'incendie de la tour Grenfell, qui a fait plus de 80 victimes, a été officiellement lancée au Royaume-Uni, nous informe le Guardian. Elle sera placée sous l'autorité de Sir Martin Moore-Bick, ancien juge de la cour d'appel.

 

 

L'investigation sera divisée en deux phases. Tout d'abord, découvrir comment le feu a demarré et comment il s'est propagé, et évaluer l'intervention des forces de secours et l'évacuation du bâtiment. Dans un second temps, il s'agira d'étudier la conception du bâtiment et sa rénovation, ainsi que la pertinence des choix qui ont été faits en matière de construction.

 

Le responsable de l'enquête a révélé une longue liste de points qui seront soulevés durant l'enquête. La collecte des preuves a bien évidemment commencé, mais de nombreux témoins n'ont toujours pas été interrogés et des milliers de documents n'ont pas encore été analysés. "L'étendue de la tache est énorme", a observé Sir Martin Moore-Bick.

 

Les précadres des fenêtres, un des points faibles de la façade de Grenfell ?

 

Le système d'ITE installé sur cette tour est, depuis le début de l'affaire, pointé du doigt par de nombreux observateurs comme étant responsable de la propagation extrêmement rapide du feu. Certains ont rappelé qu'un incendie comparable s'était déroulé à Roubaix, en France, en 2012. "La différence, c'est qu'à Grenfell les flammes sont entrées à l'intérieur du bâtiment", nous explique un spécialiste du sujet. "Cela n'avait pas été le cas à Roubaix."

 

Par ailleurs, selon ce même spécialiste, pour qui la résistance au feu de la façade de la tour Grenfell était "nulle", l'un des points faibles était situé au niveau de l'utilisation de précadres pour les fenêtres. "Ils désolidarisent les baies de la maçonerie", explique-t-il à Batiactu. "On voit le résulat sur certaines photos de la tour Grenfell : des fenêtres, fixées à ces cadres, chutent ou sont à moitié arrachées, permettant ainsi au feu de s'engouffrer à l'intérieur. Si la fenêtre était au droit de la maçonnerie, le système aurait été plus intègre." Autre défaut repéré : la pose d'un bardage en biseau sur les colonnes de béton, en façade (voir image ici). "Ce genre d'installation crée une lame d'air, qui intensifie le développement du feu."

 

 

Une situation inimaginable pour un IGH, en France

 

En France, malgré tout, un chantier de rénovation de la réglementation incendie devrait être lancé. Le CSTB a rendu un rapport unanimement salué par la profession sur la sécurité incendie, et d'autres travaux sont en cours à la demande du ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Pour rappel, un incendie d'une même ampleur, n'aurait très probablement pas pu arriver en France, l'utilisation de matériaux combustibles en façade étant interdite sur les immeubles de grande hauteur. Par contre, une forme de vide réglementaire existe en ce qui concerne la protection des immeubles d'habitation de quatrième famille (28 à 50 mètres), voire de troisième famille.

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