Selon la FFB, le secteur du bâtiment montre des signes de dégradation inquiétants avec des autorisations et des mises en chantier en recul à fin avril. La filière est également préoccupée par le dumping social et la concurrence européenne déloyale dont sont victimes les entreprises françaises. Explications.

«La conjoncture du secteur du bâtiment est mauvaise», le président de la FFB, Didier Ridoret, donne le ton : les améliorations ne sont pas à l'ordre du jour. Tous les indicateurs ou presque sont au rouge depuis janvier, ce qui, selon la FFB, annonce une dégradation importante au second semestre 2012 mais aussi en 2013.

 

Chiffres à l'appui, Didier Ridoret détaille : «Dans le logement neuf, en glissement annuel sur quatre mois à fin avril 2012 (janvier à avril 2012/janvier à avril 2011), les autorisations et les mises en chantier reculent respectivement de 1,2% et 14,5%. Cela vaut tant pour le collectif que pour l'individuel». Même son de cloche du côté non-résidentiel, puisque des baisses apparaissent pour l'ensemble des secteurs d'activités.

 

Côté emploi, l'impact est là : à fin mars 2012, la perte nette dans le bâtiment ressort à environ 6.800 postes permanents, soit une réduction de 0,5%, par rapport au premier trimestre 2011, du fait de la baisse simultanée des effectifs salariés (-4.900) et l'intérim en équivalent-emplois à temps plein (-1900). C'est pourquoi la FFB espère voir les mesures annoncées durant la campagne présidentielle être appliquée rapidement, d'autant plus que la Fédération rappelle que les délais sont à prendre en compte : «Des mesures prises immédiatement ne se traduiront en chantiers effectifs, au mieux, que fin 2013 !», précise Didier Ridoret. Et d'ajouter : «Il y a urgence !».

 

Dumping social dans le viseur
Autre objet d'inquiétude : le dumping social. Si l'on pouvait croire que seuls les territoires transfrontaliers étaient touchés, la FFB précise que désormais le problème s'étend à toutes les régions, notamment Paris-Ile-de-France et les grands bassins d'emplois. «Qu'il s'agisse de l'intervention d'entreprises étrangères en direct ou en sous-traitance, ou bien du recours à du pseudo-intérim, le but poursuivi est simple : afficher des tarifs avec lesquels aucun entrepreneur respectant les règles ne peut rivaliser», s'inquiète Didier Ridoret. Les entreprises pointées du doigt viendraient de toute l'Union européenne et certaines apporteraient même leurs matériaux. Pour tenter de limiter ce genre de pratique, la FFB réclame un plus grand contrôle des entreprises étrangères en particulier le week-end. «Nous souhaitons également que la carte d'identification professionnelle délivrée par nos caisses de congés payés soit rendue obligatoire pour toutes les personnes travaillant sur un chantier en France», précise Didier Ridoret.

 

Enfin, la Fédération tire la sonnette d'alarme sur deux autres points : l'abaissement annoncé du barème de 1.6 à 1.5 smic qui va renchérir le coût du travail et la suppression des exonérations TEPA : «Elles seront supprimées pour les entreprises de 20 salariés et plus mais maintenues pour les autres, créant ainsi une distorsion dangereuse entre les entreprises et une source de tensions avec les salariés. En fonction de l'horaire dont ils relèvent (par exemple 37, 38 ou 39 heures), les salariés perdront en effet de 3 à 7 % de leur pouvoir d'achat, ce qui ne manquera pas de relancer, j'en prends le pari, le travail au noir», a déploré Didier Ridoret.

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