Après le veto de Bruxelles sur le rapprochement avec Legrand et l'hostilité des dirigeants de ce dernier, le groupe Schneider a finalement décidé d'abandonner son projet de fusion avec son concurrent français.

Voilà enfin une décision qui a le mérite de clarifier la situation. Le groupe Schneider Electric a décidé d'abandonner son projet de fusion avec son concurrent hexagonal Legrand. Schneider va céder sa participation de 98,1% détenue dans le capital de Legrand pour 3,6 milliards d'euros au consortium formé par le fond d'investissement américain KKR et Wendel Investissement, la holding d'Ernest-Antoine Seillière.

Pour Legrand, cette annonce est la fin d'une "période d'incertitude de près de deux ans". Pour Schneider, "cette décision est la conséquence, d'une part, de la prise de position des services de la Commission européenne qui, le 29 novembre, ont considéré que les mesures correctives proposées par Schneider Electric ne leur permettaient pas d'approuver le rapprochement, et, d'autre part, de l'hostilité au rapprochement des deux groupes exprimée par les dirigeants de Legrand".

Les "contacts approfondis" entre Schneider et la Commission ces dernières semaines "ont montré que la Commission avait des exigences" que Schneider "considère comme disproportionnées par rapport à l'objectif de maintien d'une situation concurrentielle sur le marché français", a indiqué le groupe.

Les exigences de désinvestissements de la Commission portaient sur des "sociétés, actifs de production et marques", a précisé Schneider. Le groupe avait proposé à la Commission des cessions représentant un chiffre d'affaires de 355 millions, dont 297 millions d'euros - soit 84% du total - concernant Legrand.

Le caractère amical du projet de fusion avait fait place au fil des mois à une franche inimitié. Le comité de direction de Legrand avait ainsi écrit le 13 novembre à Schneider pour lui signaler son hostilité à une fusion et sa préférence pour une vente à KKR/Wendel Investissement. Pour Schneider, cette nouvelle hostilité "aurait rendu encore plus difficile l'intégration des deux sociétés".

Pour couronner le tout, Schneider avait proposé un plan de cessions d'actifs le 14 novembre à la Commission, sans l'accord de Legrand. Ce dernier avait alors attaqué Schneider en justice pour violation du pacte de fusion. Le jugement du tribunal de commerce de Nanterre favorable à Legrand a été confirmé vendredi en appel.

Bref, plus le temps passait, plus la situation était critique pour le groupe Schneider, et par répercussion pour Legrand. La cession des parts acquise au cours de l'été 2001 (98,1% du capital) semblait inéluctable. Cette décision a d'ailleurs été saluée instantanément par les marchés financiers.

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