Se loger devient un sérieux problème dans la région PACA. Des villes longtemps abordables comme Marseille et Toulon commencent à se rapprocher des prix du littoral varois et de la Côte d'Azur, inaccessibles aux budgets moyens.

Marseille a connu en 2003 "une flambée des prix de l'ancien sur toute la ville de 22,6%, hausse record en France", résume Jean-Luc Chauvin, responsable de la FNAIM des Bouches-du-Rhône.
En cinq ans, les prix y ont quasiment doublé, l'arrivée du TGV en 2001 ayant accéléré la hausse. Désormais la cité phocéenne n'a plus rien à envier aux autres métropoles régionales comme Lyon et Bordeaux, avec un prix moyen de 2.235 euros le mètre carré dans l'ancien et qui oscille entre 2.400 à 3.000 euros dans le neuf.
"Certains quartiers du bord de mer sont maintenant au niveau d'Aix-en-Provence", la ville voisine, vis-à-vis de laquelle Marseille a si longtemps souffert d'un déficit d'image, et où le m³, à 2.700 euros, suppose "du répondant".

Dans le Var, le prix moyen ne veut plus rien dire: Toulon (+ 20,5% de hausse l'an passé), a entamé sa "requalification". Pour le reste du département, "il n'y a plus rien sur le marché, il n'y a pratiquement plus de terrains à bâtir, sauf encore un peu dans le Haut Var. On n'ose plus faire une estimation sérieuse, les gens se disputent et font de la surenchère", explique Michel Perol, de la chambre des notaires du Var, qui s'alarme du ralentissement "assez net" des transactions en 2003.

La Côte d'Azur aussi est menacée par une stagnation du marché. "Les acquéreurs étrangers deviennent plus regardants, la clientèle anglaise en outre est pénalisée par un euro fort", souligne Patrick Siksik de la FNAIM des Alpes-Maritimes. Selon lui, le marché est aussi cher qu'à Paris, "avec des gens qui gagnent bien moins".

Résultat: "Certains fonctionnaires refusent leur mutation à Aix et les entreprises rechignent à s'installer si elles pressentent des problèmes de logement", affirme Philippe Roux, de la Fédération des promoteurs-constructeurs (FNPC).
"Les jeunes, on ne sait plus trop comment les loger", avoue Jean-Luc Chauvin. Dans ce contexte, les professionnels en sont réduits aux incantations: "Il faut que la croissance à deux chiffres s'arrête, que le marché regagne de la sagesse".

Mais toute la région est confrontée à un problème foncier. Elle n'a rien perdu de son attractivité et gagne chaque année 30.000 habitants, dont 8.000 rien que pour Marseille. Il faudrait bâtir 2.000 logements de plus par an dans les Bouches-du-Rhône, selon la FNPC.
"Mais on les construit où? Sur pilotis'" renchérit M. Pérol, qui dénonce
les "zones vertes": "L'écologie, c'est bien joli, mais il ne faut pas tout lui sacrifier. On protège la nature au détriment des hommes", martèle-t-il, convaincu qu'il "va falloir dégager des terrains à bâtir".

La solution, selon lui, "passe obligatoirement par l'arrière-pays" et de fait le marché des Alpes de Haute-Provence décolle. Mais dans les zones urbanisées, elle revient souvent à prendre son mal en patience. Selon Patrick Siksik, "celui qui pourrait ailleurs prétendre à un F2 reste dans un studio, celui qui voudrait un F3 reste dans un F2, alors qu'on assiste à des augmentations intempestives dès qu'un appartement se libère".

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