Alors que leurs maisons étaient vouées à la démolition, des habitants de la métropole lilloise ont choisi de rester pour sauver leur bien. De cette mobilisation est né le projet Stephenson qui définit une nouvelle approche de la reconstruction d'un quartier, en concertation avec ses habitants.

Travailler directement à la réhabilitation de son quartier et de sa future habitation, en lien avec l'architecte et l'aménageur. Cette envie est devenue réalité pour les futurs propriétaires d'une partie des maisons situées sur la commune de Tourcoing (59). Promises à la destruction au début des années 2000, dans le cadre du projet de renouvellement urbain plus vaste de 80 hectares de l'Union, ces habitations des rues Stephenson et de la Tossée ont bénéficié de la mobilisation d'une poignée de riverains. Regroupés au sein de l'association "Rase pas mon quartier", ils ont incité la communauté urbaine de Lille et les architectes de "Notre atelier commun", dirigés par Patrick Bouchain, à entreprendre une démarche nouvelle de reconstruction des maisons et de l'ensemble du quartier, en collaboration avec ses habitants.

 

Du sur-mesure
Comment réhabiliter en totalité un quartier dans lequel certaines maisons sont déjà habitées ? "L'approche du projet Stephenson n'était pas classique, reconnaît Mathilde Antigny, chargée de communication pour le projet de l'Union. Nous avons dû mettre au point une méthode inédite, avec l'aide de l'architecte Patrick Bouchain". Le lauréat du prix de l'architecture durable en 2009 était déjà connu pour ses méthodes avant-gardistes visant à "dénormer" le logement social : "Il part du principe que chaque famille a des besoins propres et que les différences entre les appartements ne doivent pas se limiter au seul nombre de pièces. Il va, par exemple, proposer un accès facilité au jardin pour un propriétaire âgé ou une pièce en plus pour quelqu'un qui travaille chez lui", explique la jeune femme. Un procédé qui va être appliqué pour les 18 maisons du quartier destinées à être réhabilitées pour être revendues: "5 dossiers d'acquisition ont déjà été déposés. En fonction des envies et/ou du budget de chaque habitant, il est possible de livrer les maisons vides, avec ou sans les menuiseries et la toiture, d'aménager de nouvelles pièces, d'assurer les finitions, etc. Les propriétaires auront leur mot à dire sur toutes ces étapes", insiste Mathilde Antigny.

 

Des "conversations publiques"
En tout, 54 maisons sont concernées par le projet Stephenson. Outre les 18 restaurées, 12 sont destinées à la location par un bailleur social et 24 sont celles de propriétaires "irréductibles" : ceux qui ont refusé de vendre leur bien depuis dix ans. Si l'association des architectes et l'aménageur ne peuvent pas proposer à ces derniers, déjà propriétaires, une réhabilitation totale, ils sont malgré tout disponibles pour prêter une oreille attentive à leurs interrogations et les conseiller : "L'association des architectes chargée de la refonte de l'ensemble du secteur s'est installée au cœur du quartier, à l'Atelier électrique. Chaque après-midi, l'espace est ouvert aux riverains qui peuvent venir y chercher des informations", rappelle Mathilde Antigny. Une "conversation publique" d'environ 1h30 est également organisée toutes les 5 semaines. Différents sujets touchant à l'évolution du quartier sont abordés, en dialogue avec l'ensemble des riverains, comme la possibilité d'ouvrir l'impasse Stephenson, la volonté de réintégrer des commerces de proximité, etc. Tous ensemble, les habitants et les acteurs du projet ont à cœur de recouvrer rapidement un quartier vivant. L'échéance pour y parvenir est fixée à fin 2012, date prévue de la fin des travaux.

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Atelier électrique

Projet Stephenson
Projet Stephenson © Sébastien Jarry
L'association des architectes chargée de la refonte de l'ensemble du secteur s'est installée au cœur du quartier, à l'Atelier électrique. Chaque après-midi, l'espace est ouvert aux riverains qui peuvent venir y chercher des informations

Conversation publique

Projet Stephenson
Projet Stephenson © Sébastien Jarry
Une "conversation publique" d'environ 1h30 est également organisée toutes les 5 semaines. Différents sujets touchant à l'évolution du quartier sont abordés lors de cette réunion qui vise à établir un dialogue avec l'ensemble des riverains.

Maisons rue de la Tossée

Projet Stephenson
Projet Stephenson © Sébastien Jarry
Promises à la destruction au début des années 2000, dans le cadre du projet de renouvellement urbain plus vaste de 80 hectares de l'Union, les habitations des rues Stephenson et de la Tossée ont bénéficié de la mobilisation d'une poignée de riverains.

Maisons rue Stephenson

Projet Stephenson
Projet Stephenson © Sébastien Jarry
Regroupés au sein de l'association "Rase pas mon quartier", les habitants ont incité la communauté urbaine de Lille et les architectes de "Notre atelier commun", dirigé par Patrick Bouchain, à entreprendre une démarche nouvelle de reconstruction des maisons et de l'ensemble du quartier, en collaboration avec ses habitants.

Vue aérienne

Projet Stephenson
Projet Stephenson © Balloide
En tout, 54 maisons sont concernées par le projet Stephenson. Outre les 18 restaurées, 12 sont destinées à la location par un bailleur social et 24 sont celles de propriétaires "irréductibles".

Maisons rénovées

Projet Stephenson
Projet Stephenson © Construire
18 maisons du quartier sont destinées à être réhabilitées pour être revendues: 5 dossiers d'acquisition ont déjà été déposés. En fonction des envies et/ou du budget de chaque habitant, il est possible de livrer les maisons vides, avec ou sans les menuiseries et la toiture, d'aménager de nouvelles pièces, d'assurer les finitions, ...

Maison témoin

Projet Stephenson
Projet Stephenson © Construire
L'une des 18 maisons du quartier destinées à être réhabilitées pour être revendues sera achevée en septembre prochain. BBC, elle servira de maison témoin. Le gagnant du concours "du plus beau torchon" gagnera une nuit complète dans cette habitation.