Les dirigeants européens se retrouvent vendredi et samedi à Barcelone pour un sommet à dominante économique où les tenants d'une libéralisation accélérée, largement majoritaires, vont tenter de mettre la pression à la France sur les marchés de l'électricité et du gaz.

Dans un Palais des congrès transformé en bunker, les chefs d'Etat et de gouvernement européens discuteront des moyens de faire de l'Union européenne "l'économie la plus compétitive du monde". Quelque 8.500 policiers ont été mobilisés pour faire face à d'éventuels débordements dans les rues de Barcelone, faisant craindre à certaines organisations non violentes des affrontements comparables à ceux de l'été dernier à Gênes où un manifestant avait été tué pendant un sommet du G8 indique l'AFP.

La rencontre de Barcelone sera présidée par le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, qui a pris la tête d'un axe libéral dont les autres figures de proue sont le Britannique Tony Blair et l'Italien Silvio Berlusconi. Parmi les nombreux sujets à l'ordre du jour, le débat va surtout se concentrer sur l'ouverture à la concurrence des marchés du gaz et de l'électricité... et sur ce dossier, la France est clairement en position d'assiégée. Mercredi, le Parlement européen a donné le ton par l'adoption d'un projet de directive préparé par la commissaire aux Transports et à l'Energie, l'Espagnole Loyola de Palacio. Le texte prévoit l'ouverture des marchés aux entreprises, - électricité en 2003, gaz en 2004 - et aux particuliers en 2005.

En pleine bataille pour l'élection présidentielle, les deux têtes de l'exécutif francais, le chef de l'Etat Jacques Chirac et son Premier ministre Lionel Jospin refusent toute date pour les particuliers et devraient présenter un front uni à Barcelone, largement soutenus par leur opinion publique.

Très critiquée par ses partenaires qui l'accusent de protéger ses entreprises nationales, la France reste le seul pays de l'UE à refuser d'envisager dès maintenant une ouverture totale à la concurrence des marchés de l'énergie aux consommateurs privés. Elle réclame la mise en chantier préalable d'une directive européenne qui garantirait le principe de service public.

Elle accepte en revanche de discuter à Barcelone d'un échéancier pour une ouverture complète aux entreprises (soit plus de 60% du marché total de l'énergie), ce qu'elle avait refusé de faire en mars dernier au sommet de Stockholm. Reste à trouver un accord sur les dates.

Plusieurs dirigeants européens pourraient toutefois ne pas s'en contenter et exiger en plus un engagement de principe sur une ouverture ultérieure du marché aux particuliers. Une exigence qui pourrait conduire à l'affrontement: "Si nos partenaires sont maladroits, Chirac et Jospin vont devoir verrouiller ce dossier plus que nécessaire", prévient un diplomate français de haut rang cité par l'AFP.

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