Près de Rennes, une briqueterie et une recyclerie solidaires au service des habitants

 

Dans un hangar du village, des briques en terre crue, moulées à la main, sont fabriquées par des compagnons à destination des professionnels du Bâtiment et des ménages. La structure propose également des mélanges de terre-paille pour faire de l'isolation, de la terre tamisée sèche pour la confection d'enduit mais aussi de la terre allégée, du torchis ou de la bauge pour la construction ou rénovation d'ouvrages en terre.

 

Création d'emplois locaux

 

La valorisation de la terre n'est pas été choisie au hasard. "Le bassin rennais possède un fort patrimoine en terre, et les professionnels du Bâtiment se tournent vers ce matériau au vu du nombre de rénovations qu'il faut mener", explique à Batiactu Orane Bert, co-fondatrice et co-responsable de la Communauté. Cette ancienne maçonne spécialisée en terre crue porte le projet de la briqueterie. "L'un de nos objectifs est de développer un modèle économique solidaire, basé sur la mixité sociale et la création d'emplois locaux", raconte-t-elle.

 

 

Les compagnons, avant d'être accompagnés et logés par l'association, se trouvaient en situation de grande précarité. Aujourd'hui, les personnes accueillies "participent à l'activité économique de l'association, relevant de l'économie sociale et solidaire, bénéficient d'un hébergement ou d'un logement décent, d'un accompagnement social, d'un suivi administratif adapté et d'un soutien financier garantissant des conditions de vie dignes", affirme Laura Dumoulin, co-fondatrice et co-responsable de la Communauté.

 

Une recyclerie pour valoriser les matériaux de seconde main

 

Dans un autre hangar de la commune a ouvert, en juillet 2023, "La Bricole solidaire", une recyclerie de matériaux de construction et de recyclage. Dans cet espace de vente ouvert quelques jours par semaine sont proposés du bois, des isolants, des revêtements, des éléments de plomberie et d'électricité, du grillage, des menuiseries, des outillages mécaniques nettoyés et réemployés, mais aussi des tenues de chantier et des sacs de ciment, pour un prix équivalent à 40% du prix du neuf. "Nous nous fournissons auprès de distributeurs ou d'entreprises artisanales, dans le cadre de partenariats professionnels. Ces acteurs nous donnent, par exemple, des matériaux de fin de chantier ou des fins de séries. La défiscalisation de ces dons est possible", précise Laura Dumoulin.

 

 

Terre - Communauté Emmaüs propose, par ailleurs, la pose et dépose de matériaux du second œuvre, la réalisation de diagnostics ou encore la réhabilitation de bâtiments anciens ou en terre. "Nous sommes déjà intervenus comme coordinateur ou exécutant sur une dizaine de chantiers de marchés publics et privés", indique Orane Bert. À l'avenir, l'association, qui fait partie du collectif Terreux Armoricains rassemblant des professionnels de la construction en terre du Nord-Ouest, aimerait proposer la réparation de matériaux. "Nous n'avons pour l'instant ni le temps ni les moyens humains pour cela", regrette Laura Dumoulin.

 

Aujourd'hui, le chiffre d'affaires des deux activités de l'association permet à la jeune structure d'accueillir huit compagnons et quatre salariés, et "d'être autonome" financièrement. "Nos activités économiques, qui allient écologie et économie solidaire, permettent la création de compétences, le développement d'un réseau et promeut la solidarité. Elles donnent aussi à des ménages ayant peu de moyens la possibilité de rénover leur maison à moindre coût", se félicite Laura Dumoulin.