SOCIAL. C'est un message passé auprès du ministère des Solidarités et de la Santé : le niveau de revenu des retraités de l'artisanat aurait tendance à baisser ces dernières années. Le Gouvernement a répondu.

Le pouvoir d'achat des retraités de l'artisanat serait-il menacé ? C'est du moins le sens d'une question écrite au Gouvernement adressée par la sénatrice du Maine-et-Loire Catherine Deroche (LR). "Leurs carrières, bien qu'ayant été fort longues et débutées dès leurs 15 ans, leur donnent souvent droit à des retraites peu élevées. Après quatre ans de quasi-gel, elles n'ont pas été revalorisées en 2018 et presque pas en 2019 (+ 0,3%)", estime-t-elle. Pire, ces retraites doivent supporter "depuis 2018 une majoration de la contribution sociale généralisée (CSG) de 1,7% dès que le retraité a des revenus supérieurs à 2.000 euros mensuels". Un effet-ciseau viendrait ainsi impacter le pouvoir d'achat de ces anciens travailleurs.


Pour des retraites à 85% du Smic

 

En conclusion, les demandes de la sénatrice sont de "revaloriser les pensions de tous les retraités, sans distinction, en 2020, selon l'évolution des salaires, et d'autre part, d'assurer à ceux pouvant prétendre à une retraite à taux plein un montant minimal total de retraites (bas et complémentaire) de 1.300 euros, soit 85% du Smic brut".

 

 

Dans se réponse publiée le 10 octobre 2019, le ministère des Solidarités et de la Santé assure qu'en 2020, les petites retraites inférieures à 2.000 euros seront augmentées du niveau de l'inflation. "Par ailleurs, le minimum contributif (Mico) sera revalorisé à l'occasion du projet de loi retraites de façon à garantir 1 000 euros nets par mois pour les personnes ayant effectué une carrière complète", est-il précisé. Soit nettement en-dessous des 1.300 euros demandés.

 

Le Gouvernement rappelle également les conséquences des décisions post-gilets jaunes, notamment la création "d'une nouvelle tranche d'assujettissement à la CSG au taux de 6,6% pour les revenus compris entre 14.549 euros et 22.579 euros (pour une personne seule correspondant à une part)". La réforme des retraites est également sur les rails, et les pouvoirs publics assurent avoir réalisé "une réflexion approfondie" pour parvenir à une situation généralement plus juste.

"Laissés de côté par le Gouvernement"

 

En septembre dernier, la Fédération nationale des associations de retraités de l'artisanat et du commerce de proximité (Fenarac) se plaignait d'être "[laissée] de côté par le Gouvernement", d'après un communiqué de presse. "On a beaucoup travaillé, souvent dès 14 ans, on a payé nos cotisations, servis sous les drapeaux, on aide nos parents et enfants, on ne casse rien. Nous éprouvons un profond sentiment d'injustice", assurait son président Serge Thivenin. Contacté par Batiactu, il affirme ne pas être satisfait par la réponse ministérielle du 10 octobre. "Le Gouvernement nous répond toujours la même chose, en se fondant sur le même moule", nous explique-t-il. "Les 1.000 euros que veulent nous donner les pouvoirs publics, c'est à peu de choses près le seuil de pauvreté en France, c'est une misère."

 

Les retraités de l'artisanat préfèreraient par ailleurs que la revalorisation de leur pension soit indexée sur le niveau des salaires, et non l'inflation. Pour une raison simple : "Depuis 2013, il n'y a quasiment pas eu d'inflation en France." La réforme des retraites va-t-elle permettre d'avancer sur ce point ? "En tout cas, elle ne concernera que les personnes nées après 1963. Rien n'est prévu pour les personnes nées avant 1963." L'organisation continuera de porter ses revendications dans l'espoir d'être entendue.

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