L'un des plus luxueux passages couverts de la capitale est au cœur d'une polémique : l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, s'est insurgé contre la "rénovation destructrice" des lieux qui porterait "atteinte à l'authenticité de son architecture patrimoniale précieuse". Une pétition a même réuni 6.500 signatures qui souhaitent que les travaux soient stoppés.

La galerie Vivienne est-elle en danger ? Cet élégant passage couvert du 2e arrondissement, qui date de 1823, abrite nombre de boutiques de luxe dans un cadre pompéien néo-classique avec mosaïques, fresques et sculptures. Inscrite aux Monuments historiques depuis juillet 1974, la galerie n'a cependant pas été classée et ses murs appartiennent à une société civile immobilière détenue par l'Académie des Beaux-Arts. Cette dernière a lancé un chantier de rénovation pour le moins contesté.

 

Jack Lang, ancien ministre de la Culture et actuel président de l'Institut du Monde Arabe, a notamment dénoncé une opération "destructrice" qui porte "atteinte à l'authenticité de son architecture". Dans un courrier à sa successeur, Audrey Azoulay, il déclare : "Ce projet transfigure totalement et dénature profondément l'un des plus beaux sites culturels parisiens (…) Ce passage fameux de Paris est un lieu des plus rares et des plus uniques, véritable héritage vivant du 19e siècle". Parmi les récriminations, l'ex-ministre note "le remplacement récent de la verrière" qui était à l'origine couverte de verre cathédrale, par "un verre de serre blanc et transparent", "une faute grave pour l'intégrité du lieu". Ce changement entraînerait une luminosité accrue des lieux et une augmentation des températures constatées. Il pointe également "le non-respect du caractère pictural, de la cohérence des couleurs et de l'authenticité des matériaux", certaines boiseries anciennes étant remplacées par des fournitures d'apparence bon marché.

 

Une réunion de toutes les parties à la rentrée

 

Une pétition nommée "Préservons l'identité de la galerie Vivienne à Paris !", lancée sur change.org a même recueilli plus de 6.500 signatures. Jack Lang "conjure" l'actuelle ministre de la Culture d'intervenir auprès des architectes des bâtiments de France et de la Direction régionale des affaires culturelles, pour que soit stoppé le chantier. Faute de quoi la rénovation entérinerait "la disparition définitive d'un patrimoine protégé indispensable au charme et à l'identité de Paris", selon sa formule. Le ministère de la rue de Valois, situé à 200 mètres de la galerie Vivienne, n'a pas encore réagi mais Audrey Azoulay aurait demandé à la Drac, qui intervient sur place au titre de conseiller scientifique et technique, de réunir dès le mois de septembre "les parties prenantes de ce dossier, en premier lieu le maître d'ouvrage, la société Fodegi (syndic de la galerie), l'Académie des Beaux-Arts et la Conservation des monuments historiques".

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