Après le rejet d'un plan de sauvetage par trois des banques créancières, les chances de sauver le groupe allemand de BTP Philipp Holzmann semblent bien minces.

Trois des 17 banques qui participaient depuis dix jours aux négociations ont fait savoir mercredi qu'elle n'acceptaient pas le plan préparé par la Deutsche Bank, le principal actionnaire de Holzmann, malgré les modifications de dernière minute qui lui avaient été apportées ces jours-ci.

"Le plan de sauvetage n'est selon nous pas porteur", a souligné le porte-parole de Commerzbank, qui a rejeté le plan aux côtés de la Dresdner Bank, filiale de l'assureur Allianz, et de la deuxième banque du pays, HypoVereinsbank.

Selon des sources proches de ces instituts, ce plan n'est qu'"un raccommodage de trous, qui craquera au plus tard à la mi-avril". Le dépôt de bilan serait "de loin la solution la plus sage", a insisté l'une d'elles. Cela ne signifierait pas "la perte des 23.000 emplois, mais le maintien des parties du groupe qui sont bonnes ou qui peuvent être sauvées".

Certes, Holzmann n'a pas perdu tous ses amis: la Deutsche Bank, qui détient près de 20% de son capital, lui a réitéré son soutien malgré la décision des trois banques rebelles. "Nous cherchons toujours à trouver une solution", a indiqué un porte-parole, faisant valoir qu'une faillite causerait plus de dommage qu'une solution commune entre banques.

Mais l'heure tourne et la situation est urgente. Selon des chiffres non confirmés, Holzmann a essuyé l'an dernier des pertes bien plus élevées que prévu, à près de 240 millions d'euros, ce qui le place dans une situation difficile à très court terme, étant donnée l'ampleur de sa dette et de la faiblesse de ses fonds propres. En situation technique de surendettement, le groupe se voit contraint par la loi allemande de déposer son bilan dans les prochains jours s'il ne bénéficie pas d'un renflouement.

Philipp Holzmann n'en est pas à sa première expérience de dépôt de bilan: fin 1999, le groupe de BTP avait déjà traversé une crise extrêmement grave, lorsqu'il avait soudainement découvert un "trou" inattendu de 1,23 milliard d'euros dans ses comptes.

Les banques se faisant déjà prier, Holzmann avait dû déposer son bilan. La procédure avait cependant pu être abandonnée au bout de quelques jours, le chancelier Gerhard Schroeder ayant réussi à convaincre les banques de renflouer l'entreprise lors d'une intervention très médiatisée.

Mais cette fois, les politiques demeurent à bonne distance des chantiers de Holzmann, délaissant désormais une bataille qu'ils considèrent perdue d'avance.

Pour la Deutsche Bank, l'enjeu est du même ordre: son patron Rolf Breuer pourrait avoir du mal à justifier face à ses actionnaires une nouvelle et coûteuse intervention là où la précédente n'a pas réussi à redresser Philipp Holzmann de façon décisive

Chez les employés, on se montrait plutôt fataliste. "Apparemment les banques ne s'intéressent plus à l'entreprise ni aux gens, ce sont d'autres intérêts qui prévalent", a déploré un responsable du comité d'entreprise.

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