La jeune génération contribue au dynamisme du secteur du patrimoine en France. Une enquête menée par le cabinet Xerfi pour Ateliers d'Art de France dresse un panorama économique des entreprises de métiers d'art et livre plusieurs enseignements. Découvrez lesquels.

Les métiers d'art sont des acteurs importants de l'identité culturelle de la France et de l'image de celle-ci à travers le monde. Dans le cadre du salon du Patrimoine, qui se tient au Carrousel du Louvre à Paris, Ateliers d'Art de France a chargé le cabinet Xerfi de mener une première enquête nationale sur ce secteur particulier de l'économie. En tout, près de 360 chefs d'entreprises et dirigeants d'ateliers d'art ont été interrogés sur les problématiques et opportunités rencontrées.

 

Créer et restaurer pour perdurer

 

Première conclusion, la combinaison création-restauration est la meilleure solution pour trouver un équilibre financier. Environ 76 % des entreprises de métiers d'art exercent à la fois sur le marché du patrimoine et sur celui de la création. Pour un tiers d'entre elles, le chiffre d'affaires a augmenté depuis 2009, surtout grâce à cette deuxième activité, plus dynamique. "De nombreux contrats sur les marchés de la restauration sont remportés par les ateliers d'art grâce à la visibilité donnée par leurs œuvres de création, et ce, notamment à l'international", précise l'étude. L'activité des entreprises présentes sur le seul marché de la restauration, en revanche, enregistre une érosion. Environ 80 % d'entre elles ont vu leur CA baisser depuis 2009. De quoi susciter de l'inquiétude chez 78 % des acteurs intervenant essentiellement sur les marchés publics. D'autant que ces derniers sont complexes, à cause de tailles de lots trop importantes, de dossiers trop lourds ou de normes d'habilitation trop coûteuses.

 

Finalement peu d'apprentis... mais des CDI

 

Deuxième enseignement, près des trois quarts des dirigeants d'ateliers d'art sont à la tête de leur entreprise depuis sa création. "Un chiffre qui s'explique notamment par le fait que 75 % d'entre eux déclarent avoir choisi ce métier par passion, par attrait pour un matériau ou pour la démarche artistique et créative", souligne l'enquête. Les créations d'ateliers se multiplieraient, avec presque 50 % des structures fondées dans les quinze dernières années, grâce à une nouvelle génération de professionnels. Mieux formés, plus diplômés, ils sont 40 % à prévoir une croissance de leur chiffre d'affaires en 2015. "Cette jeune génération contribue à la dynamique du secteur", estime Xerfi. La majorité des professionnels (55 %) a suivi une formation technique, souvent complétée par un apprentissage dans un atelier, auprès d'un pair. Cependant, seuls 5 % des répondants envisagent de recruter un apprenti, privilégiant plutôt le CDI (44 %). "Si l'ensemble des répondants s'accorde à dire que l'apprentissage est un maillon essentiel de la transmission du savoir-faire, l'embauche d'un apprenti représente pour la majorité d'entre eux une véritable contrainte, notamment en raison du coût engendré pour leur entreprise, du manque de temps pour former, du profil de formation décalé par rapport au métier ou encore aux contraintes liées aux normes techniques et de sécurité", énumère l'enquête.

 

Un secteur de très petites entreprises

 

Le secteur des métiers d'art s'avère être majoritairement composé de très petites entreprises : 54 % des ateliers d'art sont unipersonnels et 80 % ont moins de 5 salariés. Une taille qui pose des problèmes au moment de répondre à des appels d'offres publics ou pour couvrir des coûts de production élevés. Côté labellisation, 64 % des répondants estiment que ces marques de qualité ont un effet positif sur l'activité : parmi les entreprises réalisant plus de 250 k€ de CA annuel, 39 % disposent d'un ou plusieurs titres. Celles qui n'en disposent pas ne sont que 8 % à atteindre ce niveau d'activité. "Malgré cela, peu d'entreprises unipersonnelles font les démarches pour obtenir ces titres ou labels", souligne l'étude. Et pour leur financement, ces entrepreneurs ne sollicitent que rarement (49 %) le Crédit d'impôt métiers d'art, "qui se révèle inadapté à leur modèle d'entreprise", alors que les entités qui emploient plus de 5 personnes, y recourent plus facilement (76 %).

 

En tout, les métiers d'art rassemblent 38.000 entreprises en France, pour un chiffre d'affaires global de 8 milliards d'euros. Leur exercice se caractérise par quatre critères cumulatifs : la maîtrise des gestes, techniques et savoir-faire complexes en vue de la transformation de la matière ; l'empreinte du créateur et de l'atelier ; la réalisation de pièces uniques ou de petites séries ; et la nature durable des œuvres.

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