La ville mettra à profit ce délai pour demander un surcroît d'informations aux quatre équipes d'architectes en lice dans ce dossier aussi considérable que complexe.

Ces demandes, élaborées en juin, seront adressées aux deux compétiteurs français David Mangin et Jean Nouvel, et aux deux Néerlandais, Rem Koolhas et Winy Maas, a-t-on appris mardi à l'Hôtel de Ville. Elles permettront d'éclairer la décision que devait arrêter le 24 juin la commission d'appel d'offres de la ville et qu'elle prendra "au début de l'automne".

Il lui faudra trancher entre les "flacons" colorés dont Koolhas sème ces 10 hectares, la mosaïque de verre et verdure imaginée par Maas, le toit cyclopéen dessiné par Mangin et le "Palais-Royal" avec prairie dans le ciel de Nouvel.

Un choix épineux, puisqu'il dessinera le visage de la "première porte" de la capitale française, à la fois noeud de transports qu'empruntent, en sous-sol, 800.000 personnes par jour, respiration du dense coeur de Paris avec son jardin de quatre hectares, hyperactif centre commercial (180 boutiques, 41 millions de visiteurs/an).

Le tout sur fond de traumatisme infligé aux Parisiens par la destruction en 1972-1973 des pavillons Baltard et le "trou" boueux qui les remplaça des années durant.
"C'est trop symbolique du centre de Paris pour qu'on se plante", avait averti le maire PS Bertrand Delanoë, en dévoilant le 7 avril, les projets retenus. Il avait mis en avant les enjeux commerciaux et de vie quotidienne, pas faciles à concilier, et appelé à "savoir prendre des risques", tout en gardant à l'esprit qu'il s'agirait d'un "geste international et durable".

Depuis, les Parisiens sont penchés avec passion sur les maquettes exposées au forum : 60.000 s'y sont pressés, 7.500 ont rempli avec application les bulletins leur demandant leurs préférences, souligne Alain Le Garrec, président de la société d'économie mixte SEM-Centre, chargée d'animer cette concertation.

Les plus motivés ont été les riverains qui ont multiplié démonstrations de rues avec ballons simulant les hauteurs des projets, tracts et discussions internet. Les associations (d'ailleurs pas d'accord entre elles) ont su se faire entendre, même si, glisse un élu, certaines comptent moins de cent adhérents...

Les partis parisiens avaient observé un silence prudent. L'UMP en est sortie en demandant un référendum, la question du réaménagement des Halles méritant, à ses yeux, d'être posée à l'échelle de la ville.
Juridiquement impossible puisque une consultation sur appel d'offres est en cours, répond-on à la mairie de Paris.
Les Verts feront connaître lundi, non pas leur choix, mais leurs critères, notamment concernant le "développement durable". Des critères qui, à leurs yeux, éliminent de facto deux des quatre projets.
Le PS-Paris, qui souhaite une présentation des plans dans les vingt arrondissements, pourrait faire in fine connaître une préférence, selon Patrick Bloche, son premier secrétaire.

Beaucoup de personnes proches du dossier estiment que le débat se focalisera sur Koolhas, Mangin et Nouvel: l'ambitieux "tapis persan" ou "vitrail à plat" de Maas posant de sérieux défis techniques.
Deux certitudes : aucun des quatre plans ne s'est imposé de manière éclatante et aucun ne sera retenu tel quel. Quel que soit le choix, il devra évoluer.

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