Avec le concours du ministère de la Santé, les associations France-Libertés et 60 millions de consommateurs ont travaillé de concert pour proposer une carte des dérogations aux normes sanitaires de l'eau potable. Cette carte récemment publiée se montre rassurante sur la qualité de l'eau distribuée dans le pays mais pointe tout de même quelques mauvais élèves.

France-Libertés et 60 millions de consommateurs ont publié sur un site dédié une carte des dérogations aux normes sanitaires de l'eau potable. Leur but : s'adresser aux citoyens pour faire bouger les élus.

 

Une carte rassurante mais qui soulève quelques problèmes
En premier lieu, Emmanuel Poilane, directeur général de la Fondation France-Libertés nous apprend que cette carte a été réalisée avec les données issues du ministère de la Santé. "Ce sont des données qui sont publiques et consultables mais que nous avons agrégées et rendues plus claires". Les points à retenir au vu de cette carte sont que trois départements (la Seine-et-Marne, le Val d'Oise et l'Orne) ont obtenu, chacun, plus de trente dérogations. En quoi consistent ces dérogations exactement ? Il s'agit d'un "papier" que les préfets délivrent aux opérateurs de distribution lorsque l'eau proposée est quasiment potable mais qu'elle conserve encore des petits éléments dérangeants, bien qu'inoffensifs au niveau sanitaire. "Bien évidemment, les cause de ces dégradations sont connues de tous : pesticides, nitrates, polluants divers." Pour Emmanuel Poilane, ce nombre de dérogations obtenues pour ces départements n'est pas inquiétant en soi mais "interroge tout de même sur le risque sanitaire." Selon lui, la raison principale pour laquelle ces zones sortent du lot, c'est "le manque de moyens."

 

En effet, "une région ou un département plus riche aura donc plus de facilité à se mettre aux normes exigées et sera en mesure de proposer une eau potable d'une meilleure qualité". Ce qui explique pour Emmanuel Poilane que la Bretagne, première victime de la pollution des sols et des nappes phréatiques, ne soit pas concernée par ces dérogations. "La Bretagne est un exemple de technicité puisqu'elle effectue des interconnexions [NDLR: mélange d'eaux de sources différentes] avec ses régions voisines pour rendre son eau potable meilleure. En revanche, ce n'est pas un exemple à suivre."

 

"Rassurer les citoyens et alerter les élus"
Néanmoins, pour lui, la carte est rassurante. Elle atteste de 420 communes touchées, mais toutes dans un périmètre réduit. En revanche, elle doit servir de base désormais pour les réflexions futures. "Ce qui est dur à comprendre, c'est que toutes les décisions concernant l'eau en France, ce sont des décisions sur le long terme... sur 10, voire 15 ans." Il n'y a pas donc d'omerta sur le sujet de l'eau en France, mais souvent une incompréhension car les machines administratives sont lentes à se mettre en place et que toutes ces discussions nécessitent la présence d'un nombre incommensurable d'acteurs : de la région, aux opérateurs d'eau, en passant par les communautés de commune.

 

La carte des prix est quant à elle en pleine formation. Il faudra attendre mars 2013 avant que les deux associations ne disposent de l'ensemble des données recueillies lors de leur opération "Transparence".

 

Consulter la carte des dérogations.

 

Consulter ou compléter la carte des prix de l'eau.

actionclactionfp