Les déboires financiers du groupe de BTP Philipp Holzmann - comme ceux du géant des médias Kirch - sont une source d'embarras à la fois pour le chancelier Gerhard Schroeder et son rival conservateur Edmund Stoiber, à six mois des élections législatives.

Politiquement, ces affaires tombent au mauvais moment pour les deux hommes qui risquent de voir, bien que pour des raisons très différentes, leur réputation écornée si les deux sociétés ne parviennent pas à se tirer d'affaire dans les meilleurs conditions.

Pour M. Schroeder, un dépôt de bilan de Holzmann, option qui n'est plus écartée par certains banquiers, sonnerait comme un désaveu. Fin 1999, le chancelier avait forcé la main aux banques nationales pour qu'elles sauvent la société et ses 28.000 employés de la faillite.

Bien que réticentes, elles avaient accepté de prendre sous leur aile la société moribonde. Le gouvernement s'était engagé de son côté à apporter un prêt de 125 millions d'euros, qui n'a d'ailleurs toujours pas été versé.

Cette opération très médiatique avait alors permis au chancelier-pompier de redorer son blason de social-démocrate, à un moment où les syndicats trouvaient qu'il s'acoquinait un peu trop avec les chefs d'entreprises.

Les images de Gerhard Schroeder acclamé par les salariés de Holzmann avaient également dopé sa cote de popularité dans les sondages après une première année de pouvoir plutôt tâtonnante.

Or, beaucoup se demandent aujourd'hui si ces efforts étaient bien justifiés. La firme a enregistré l'an dernier une perte de 240 millions d'euros et reste endettée à hauteur d'au moins 1,5 milliard d'euros.

Faute d'une injection rapide d'argent frais, la législation allemande pourrait l'obliger à se déclarer prochainement en cessation de paiement. Or, cette fois, les banques sont beaucoup moins accommodantes.

Un dépôt de bilan ferait désordre pour le chancelier et risquerait de dégrader encore un peu plus ses relations déjà tendues avec les syndicats, pourtant alliés traditionnels de son parti, à mesure que l'élection se rapproche. Ils lui reprochent de rester trop passif face à la hausse continuelle du chômage depuis des mois.

Le principal concurrent de M. Schroeder pour le scrutin, le Bavarois Stoiber, se garde pour l'heure de souffler sur les braises. Car la déconfiture au même moment de Kirch - l'une des entreprises-phares de la région - pourrait l'obliger, lui et son parti, l'Union chrétienne-sociale (CSU), à rendre également des comptes.

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