Le temps de la chute des prix de l'immobilier semble terminé pour un certain nombre de réseaux qui ont présenté cette semaine leurs résultats concernant le premier semestre 2010. Pourtant, les écarts entre leurs estimations de prix sont énormes, et selon une étude réalisée par la Fnaim, les propriétaires semblent encore frileux à l'idée de mettre leurs biens immobiliers sur le marché. Explications.

Difficile de connaître la tendance des prix sur le marché de l'immobilier. Alors que Century 21 annonçait, il y a quelques jours, une hausse moyenne de 8,5% des prix au mètre carré au premier semestre 2010 par rapport à la même période un an plus tôt, et le réseau Orpi 5%, la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) a indiqué jeudi que la baisse des prix des logements anciens était terminée. La Fnaim annonce en effet une baisse de 0,1% au premier semestre, et prévoit pour l'année 2010 «une stabilité par rapport à 2009, avec une amplitude comprise entre -3% et +3», d'après René Pallincourt, président de la fédération.

 

Lorsque la différence entre les chiffres annoncés est aussi grande, qui faut-il croire ? Interrogé sur ce sujet, René Pallincourt indique qu'il «ne s'explique pas». De même, si la Fnaim prévoit des données chiffrées pour 2010, l'avenir du marché à court terme semble flou : «Aujourd'hui, on peut se poser des questions mais il est difficile d'y répondre», avoue René Pallincourt. En début d'année, le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, avait indiqué vouloir améliorer les statistiques sur les secteurs de l'immobilier et de la construction, à la suite d'un rapport que lui avait remis le Conseil national de l'information statistique (Cnis). «Nous ne disposons pas d'outils statistiques pour connaître la façon extrêmement fiable le marché de l'immobilier», avait-il reconnu.

 

La situation vue des agences
Au-delà des chiffres, il est intéressant d'observer la perception des agents immobiliers sur la conjoncture. Selon un sondage mené par la Fnaim avec l'Ifop, la clientèle a encore du mal à revenir pousser la porte des agences, et 48% des sondés se déclarent non satisfaits par leur taux activité. Seuls 28% envisagent une activité plus dynamique d'ici à la fin 2010 ou au début 2011, notamment en Ile-de-France. D'après la Fnaim, «les facteurs de blocage du marché sont encore nombreux. Après deux années de repli et en dépit d'un léger sursaut observé depuis fin 2009, le volume d'activité s'établit toujours à un niveau inférieur de -25% par rapport aux années 2001-2007». Ce phénomène peut s'expliquer en partie par le fait que selon 45% des professionnels des agences, l'offre est plutôt supérieure à la demande. Cette tendance est particulièrement ressentie dans les agences du nord-est et du sud de la France, alors que celles de la région parisienne indiquent en majeure partie trouver l'offre inférieure à la demande, expliquant ainsi la hausse des prix toujours plus importante en Ile-de-France.

 

Pour expliquer le manque d'offres, les agences citent en premier lieu la réticence des propriétaires à mettre leur bien en vente dans le contexte actuel, de peur de devoir baisser son prix (62%). La situation financière des Français apparaît, quant à elle, comme l'un des principaux freins de la demande. Les professionnels expliquent en effet la faible demande par des prix trop élevés (46%), mais aussi les difficultés d'obtention de prêts immobiliers (18%) et le fait que les revenus des acheteurs ne leur permettent pas une acquisition (18%). «Il ne s'agit là que de la perception des agents», tempère René Pallincourt pour dédramatiser ces résultats pourtant peu encourageants quant à la reprise des transactions.

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