POLÉMIQUE. Nouvel épisode dans l'affaire du projet de rénovation de la Gare du Nord qui reçoit cette fois un accueil froid de la Ville de Paris. Dans une tribune, deux adjoints parisiens appellent à "revoir le projet". Le patron de la SNCF Guillaume Pepy regrette le "revirement" municipal.

Le projet de rénovation de Gare du Nord, porté par Ceetrus (filiale d'Auchan) et les architectes de Valode et Pistre, s'est fait un nouvel ennemi : la mairie de Paris. Dans une tribune au Monde, l'adjoint à l'urbanisme Jean-Louis Missika et la maire (PS) du 10e arrondissement Alexandra Cordebard estiment qu'il faut "revoir le projet de la gare du Nord", rejoignant ainsi l'appel du collectif d'architectes et d'urbanistes de renom.

 

Représentant la Ville de Paris, Jean-Louis Missika et Alexandra Cordebord expriment leur "sentiment d'être allés au bout de l'exercice", sur la négociation avec la SNCF et Ceetrus. Ayant demandé "une meilleure préservation du patrimoine, une diminution des surfaces commerciales, une dédensification (…) et une intermodalité renforcée", les édiles jugent les résultats "insuffisants".

 

Le délai des JO s'éloigne

 

Dans un entretien accordé à l'AFP, le président du Directoire de la SNCF, Guillaume Pepy, regrette "un revirement" de la mairie de Paris, que "personne ne comprend très bien".

 

D'après Ceetrus, la modernisation de la gare du Nord permettra de doubler les espaces de circulation à 60.000 m² et prévoit 20.000 m² d'espaces commerciaux et 14.000 m² de bureaux. Pour la maire du 10e arrondissement et l'adjoint à l'urbanisme, une telle extension serait intenable, "dans un espace aussi restreint", et relèverait presque de la "mission impossible". Comme les signataires de la tribune qui avaient ouvert le débat sur la modernisation de la Gare du Nord, les édiles ne cachent pas leur scepticisme quant à la livraison de l'infrastructure avant l'échéance olympique de 2024.

 

En l'état, le projet pourrait permettre une livraison "fin 2023", assure Guillaume Pepy pour qui "repartir à zéro" impliquerait "trois à cinq ans pour construire le projet, faire les concertations, trouver le financement, puis deux à trois ans de travaux". Et d'envisager alors, une livraison à l'horizon "2027, 2028", prédit le patron de la SNCF.

 

Un financement public de la rénovation

 

A cinq mois des élections municipales, et alors que la maire de Paris Anne Hidalgo n'a encore rien dit sur son intention de rempiler pour un second mandat, la tribune parue ce mardi 1er octobre élève la rénovation de la Gare du Nord en sujet politique de la campagne parisienne. Ne disposant que d'un avis consultatif -puisque le permis de construire est signé par l'Etat- la Mairie de Paris questionne le montage financier de cette rénovation, assuré par un investisseur privé. "Ce sont les commerces par leurs loyers qui permettent de financer les travaux", rappelle Guillaume Pepy à l'AFP.

 

Les élus parisiens proposent désormais "un financement public de cette rénovation", si cela peut permettre de modérer la superficie de la nouvelle gare et la proportion des surfaces commerciales. "La Ville de Paris est prête à assumer sa part aux côtés de l'Etat et de la région Ile-de-France, et -il faut le souhaiter- la Métropole du Grand Paris, du Comité d'organisation des Jeux olympiques, de la SNCF et quelques mécènes", assurent Jean-Louis Missika et Alexandra Cordebard.

 

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