CONJONCTURE. Si l'année 2018 se termine sur un mouvement social peut-être inquiétant par sa nature et ses répercussions, le président de l'Unicem salue la victoire obtenue sur la taxe carburant. Nicolas Vuillier espère un apaisement en 2019 pour lever les difficultés logistiques, ainsi qu'une véritable concertation avec les pouvoirs publics sur la fiscalité.

L'Union nationale des industries de carrières et de matériaux de construction (Unicem) dresse le bilan de 2018, qualifiée d'année "hétérogène et chahutée". Car, si elle avait mal débuté, avec un mauvais premier trimestre - impacté par des intempéries pénalisantes - elle a toutefois connu un rebond au deuxième trimestre, suivi d'une progression au troisième. Mais la fin de l'année est plus inquiétante, selon Nicolas Vuillier : "Par la nature du mouvement social et ses répercussions", avance-t-il en rappelant l'évaluation par Bercy du coût économique des blocages et difficultés liées aux gilets jaunes, estimé à -0,1 point de PIB. "Cela créé des difficultés et des tensions", note le président de l'Unicem, qui ajoute : "Les difficultés d'approvisionnement font prendre du retard, cela désorganise les entreprises et induit des surcoûts". Il déclare toutefois : "L'année 2018 a été celle d'une consolidation sans envergure mais finalement la pente reste tout de même positive". Selon les données à sa disposition, l'année 2019 sera marquée par "de la demande et des incertitudes".

 

Nicolas Vuillier salue toutefois une première victoire sur le gazole : "Merci aux gilets jaunes, car de notre côté nous n'étions pas vraiment entendus avant". Le représentant de la filière des carriers se dit désormais "dans l'attente d'une vraie concertation sur la fiscalité avec les pouvoirs publics". "Travaillons sur une trajectoire en plusieurs étapes, une, deux ou trois, qui nous mènerait par exemple à la fin de 2020. Car la hausse est inéluctable. Mais il n'est pas possible d'imposer 300 % de taxes d'un seul coup", explique-t-il. L'Unicem sera reçu au ministère de l'Economie et des Finances prochainement, afin d'évoquer le sujet de cette hausse des taxes sur les carburants. "Nous avons besoin de lisibilité fiscale et réglementaire", ajoute Nicolas Vuillier, qui demande "des mesures d'accompagnement à la transition énergétique" pour ses entreprises. Il précise : "Nous pouvons passer des dumpers à des convoyeurs ou bornes transporteurs électriques. Mais les grosses 'machines jaunes' - pelleteuses, bulldozer - ne sont pas encore électriques, elles. Il faut travailler sur la motorisation hydrogène mais les constructeurs ne sont plus en France, ils sont en Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon ou en Chine". Le président de l'Union estime que seule cette solution de motorisation est possible compte tenu de la taille des moteurs exigés par ces engins.

 

Les TP et le non résidentiel porteront l'activité en 2019

 

 

En 2018, la production estimée (les chiffres exacts ne seront connus que dans quelques semaines) sera de 343 millions de tonnes de granulats (+1,5 %) et de 39,8 millions de m3 de béton prêt à l'emploi (+3 %). Carole Deneuve, du service économique de l'Unicem, fait valoir : "Sur l'ensemble de l'année, l'activité des adhérents devrait croître de +1,8 %. Les granulats sont stabilisés à un rythme de progression d'environ +2 % par an, qui reste toutefois très en-dessous de son niveau d'activité des 15 dernières années. Le BPE est en décélération, même s'il reste sur une tendance de +4,4 % par an en moyenne, à un niveau qui est lui assez haut". Le chiffre d'affaires global du secteur atteint les 8,2 Mrds €. Pour 2019, les chiffres devraient être assez similaires, avec des prévisions de croissance de +1,6 ou +1,7 %, répartis entre 350 Mt de granulats (+2 %) et 40 millions de m3 de BPE (+0,5 %). La filière des carrières et industries extractives table sur un nombre moins élevé de mises en chantiers de logements (-20.000) compensé par une hausse de l'activité dans le non résidentiel grâce à un certain report de 2018 sur 2019. Sur l'activité d'entretien-rénovation, l'Unicem pense qu'elle restera stable. Quant aux travaux publics, Carole Deneuve souligne : "Les carnets de commandes sont plutôt bien garnis. Les grandes agglomérations sont les plus dynamiques, mais le cycle électoral est porteur. Il y a également la montée en puissance du Grand Paris, le plan autoroutier et le plan fibre…". Autant de chantiers et de travaux qui seront menés un peu partout sur le territoire et amèneront de l'activité. "Attention toutefois à la hausse des coûts, liés à l'énergie, aux salaires", alertent les spécialistes.

 

L'Unicem rappelle également certaines activités de ses entreprises adhérentes, moins connues, comme la pierre de construction et les minéraux industriels, qui représentent toutes les deux entre 515 et 520 M€ de chiffre d'affaires, mais qui sont inscrites dans des dynamiques diamétralement opposées. "La pierre de construction est un secteur en perte de vitesse et qui est déficitaire, avec 112 M€ d'exports contre 443 M€ d'imports, alors que la géologie de la France permet d'exploiter des roches différentes sur tout le territoire". Pour les minéraux industriels en revanche, dont l'activité consiste à alimenter de nombreuses autres filières d'importance (verre, fonderie, papier, plasturgie, céramique, chimie, bâtiment), la balance commerciale est excédentaire, avec 271 M€ d'exports qui dépassent les 192 M€ d'imports. Sur les granulats, Nicolas Vuillier explique que la consommation française atteint les 425,5 Mt et qu'elle est couverte par l'extraction (330 Mt) mais également par une grande partie de recyclage et de réemploi. Ainsi, 22 Mt sont issus de matériaux de déconstruction, 44 Mt de matériaux de démolition sur plateforme et 51 Mt de réemploi directement sur les chantiers. Les granulats artificiels, issus de laitiers de hauts-fourneaux, de mâchefers ou de schistes, ne représentent que 4,3 Mt, soit 1 % de tous les granulats consommés dans l'Hexagone.

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