ENQUÊTE. Alors que le Parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire sur les marchés du Grand Paris express, la Société du Grand Paris veut faire de l'année 2019 celle d'un nouveau départ, entre transparence financière et tenue du calendrier.

Lors de la cérémonie de vœux tenue par la Société du Grand Paris le 24 janvier 2019, l'assistance semblait encore surprise quant à l'ouverture d'une enquête préliminaire sur les marchés du Grand Paris express, annoncée la veille au soir. Car pour beaucoup, l'esprit était plutôt à tirer le bilan d'une année 2018 mitigée pour le Grand Paris express, de son calendrier remanié par le Premier ministre Édouard Philippe, jusqu'au départ du président du directoire de la Société du Grand Paris Philippe Yvin et la démission du président du Conseil de surveillance Jean-Yves Le Bouillonnec.


Transparence, partenariat, sérénité

 

Successeur de Philippe Yvin depuis près de sept mois, Thierry Dallard a scandé "consensus et transparence, partenariat et sincérité" pour marquer cette année 2019. Concédant "la traversée de crise avec de multiples facette et des phases parfois douloureuses", le président du directoire a une fois de plus félicité ses équipes, "qui n'ont pas démérité", malgré "le coup dur (porté) sur leur moral".

 

Pour rappel, le Parquet financier a confirmé dans la soirée de mercredi à jeudi l'ouverture d'une enquête pour soupçons de favoritisme sur les marchés du Grand Paris express. La juridiction financière a reçu un signalement de la Cour des comptes, auteure d'un rapport critique sur le budget et les marchés publics de la Société du Grand Paris publié il y a un an.

 

Audit externe

 

Dans un communiqué laconique, la Société du Grand Paris avait d'abord répondu qu'elle "mettrait évidemment à disposition des enquêteurs les éléments demandés avec l'exigence de faciliter le bon déroulement de cette procédure". Le soir même, Thierry Dallard a indiqué que "dans ces périodes de crise, chaque acteur prendra ses responsabilités, mais il ne faut pas perdre de vue cette œuvre commune qu'est le Grand Paris express". Ce dernier et le président du Conseil de surveillance Patrick Braouezec ont par ailleurs annoncé le rendu d'un audit externe "conduit à l'initiative des élus et du directoire", et qui devrait être rendu public en juin prochain.

 

 

En décembre 2017, la Cour des comptes avait dressé un état des lieux critique de la SGP, faisant état de la dérive budgétaire du Grand Paris express et "d'une rigueur insuffisante dans la gestion des marchés". Sur les 770 marchés notifiés du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2016, la juridiction de la rue Cambon s'était focalisée sur 65 dossiers qui "témoignent en général d'une rigueur dans le respect des procédures de passation". Elle note cependant certains marchés pour lesquels "les procédures et les grands principes de mise en concurrence n'avaient pas été respectés" entre offre qui aurait dû être "rejetée pour irrecevabilité" et modification des modalités de calcul des offres financières impactant "l'ordre de sélection des candidats".

 

Elle alertait également sur 164 marchés conclus "sans publicité ni mise en concurrence" ou encore le rôle simplement "consultatif" de la commission d'examen des offres (CEO) qui ne permet "pas de disposer d'une assurance externe suffisante sur la régularité et les conditions d'attribution des marchés, l'équilibre concurrentiel et la préservation des intérêts économiques de la SGP".

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