Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la Ville, est en passe de prendre officieusement le fauteuil vacant de secrétaire d'Etat au Logement. Intervenant au congrès des HLM, il a créé la surprise en annonçant la préparation d'une loi d'orientation et de programmation dans le logement. Une première pour ce secteur qui avait été oublié au cours de la campagne électorale et pendant les cinq premiers mois de fonctionnement du nouveau gouvernement.

Par la voix de Jean-Louis Borloo, le gouvernement a affiché sa détermination à améliorer le parc de logements en France et à rénover les quartiers en difficulté. Pour la première fois dans le logement social, une loi d'orientation et de programmation pourrait voir le jour. Cette loi doit être présentée le 30 octobre au conseil des ministres et discutée au Parlement au cours du premier trimestre 2003.

Plutôt ambitieuse, cette loi se fixe trois grands objectifs concrets sur 5 ans : réaliser 200.000 réhabilitations lourdes, procéder à 200.000 opérations de démolitions-reconstruction et construire 80.000 logements sociaux neufs par an contre les 50.000 qui sortent de terre actuellement.

"La nouvelle bataille de France a démarré ! Il faut réintroduire de l'humain dans le parc d'habitat en France", a déclaré le ministre, volontiers lyrique, à la tribune du congrès.

Il faut reconnaître que depuis son arrivée à ce ministère, Jean-Louis Borloo a multiplié les réunions avec les responsables de Union HLM. Il s'est engagé à relancer de nombreux projets bloqués pour de multiples raisons (blocages administratifs des DDE, financements...). "Jean-Louis Borloo nous a dit : faites remonter les dossiers et moi je m'engage à mettre en place des équipes qui regarderont où ça freine et pourquoi, pour ensuite débloquer", raconte Jean-Louis Marty, délégué général à l'Union des HLM au quotidien Libération. Depuis, "près de 90 dossiers ont été présentés au cabinet du ministre".

Jean-Louis Borloo s'est donné les moyens de ses ambitions. Dans la traditionnelle course aux attributions, l'ex-maire d'Amiens a réussi à obtenir ce que n'avait pas pu avoir son prédécesseur, Claude Bartolone. Ainsi, le décret d'attribution publié au Journal officiel précise qu'il est "associé à la définition de la politique du logement social". Il signe donc avec Gilles de Robien les instructions données aux représentants de l'Etat dans le domaine des HLM.
Plus fort, pour la première fois dans l'histoire de ce ministère, Jean-Louis Borloo a obtenu la tutelle - toujours avec Gilles de Robien - de la DGUHC (Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction).

Bien décidé à contrebalancer la politique de Nicolas Sarkozy, il semblerait que Jean-Louis Borloo bénéficie de l'appui de Matignon. " Entre hier et aujourd'hui, il s'est passé un événement majeur. Le Premier ministre a procédé à un arbitrage politique lourd " a expliqué Jean-Louis Borloo, visiblement satisfait de ce soutien.

Un bémol toutefois, et de taille, cette action en faveur du logement et des quartiers défavorisés ne devrait pas s'accompagner d'un effort financier important de l'Etat.

Alors, pour financer cette politique dont le coût est estimée à 30 milliards d'euros sur 5 ans, Jean-Louis Borloo compte " agréger tous les crédits consacrés au logement et de les regrouper sous un guichet unique pour qu'ils soient mieux utilisés, plus facilement et plus rapidement ". Seuls " 1 à 2 milliards d'euros supplémentaires seront fournis par l'Etat en plus des sommes annuellement consacrées au logement par le budget", a précisé le ministre.

Avec ce fameux guichet unique, l'autre grande nouveauté de cette annonce est la création d'une "task force" organisée autour de cinq personnes chargées de prendre les grandes décisions pour "révolutionner la qualité de l'habitat en France", a conclu le bouillonnant ministre de la Ville au terme d'un discours lyrique, volant la vedette à Gilles de Robien, chargé de clore ce congrès.

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