OPINION. Le projet de loi sur le logement ne relancera pas l'offre immobilière en France, malgré la volonté du gouvernement de faciliter la construction, a estimé vendredi le PDG du promoteur immobilier Nexity, Alain Dinin.

"Le gouvernement va constater en 2019 une baisse (...) des logements mis en production", a prévenu Alain Dinin, PDG de Nexity, lors d'un entretien avec l'AFP. Avec la réorganisation en profondeur du logement social, la relance de l'offre est pourtant l'un des principaux axes affichés par la loi sur le logement "Elan", qui vient d'être adoptée par l'Assemblée et doit maintenant poursuivre son parcours au Sénat.

 

"La recomposition du monde HLM fait que pendant qu'ils ne savent pas, ils ne produisent pas", a avancé M. Dinin, évoquant également un recentrage des aides vers les seules "zones urbaines" avec notamment la réduction d'ici 2020 du périmètre du prêt à taux zéro. "Ce que je reproche à la loi Elan, c'est que le gouvernement s'occupe de production de logements mais pas des gens", a-t-il résumé, tout en reconnaissant des "points positifs" au projet.

 

"Le logement est trop cher pour les gens qui ont besoin de se loger"

 

Selon le PDG, dont le groupe vient d'engager la construction de 1.000 pensions de famille destinées aux plus défavorisés, le gouvernement manque par exemple de réalisme en mettant l'accent sur la vente de logements sociaux à leurs locataires, vu le niveau des revenus de ces derniers. "Fondamentalement, le logement est trop cher pour les gens qui ont besoin de se loger", a-t-il jugé. "Est-ce qu'on ne pourrait pas faire un truc comme la location à option d'achat ?"

 

De plus en plus répandu dans l'automobile, ce dispositif permet de louer son bien pendant une longue période en se laissant le choix de l'acquérir à la fin. Reste que son développement nécessiterait, selon M. Dinin, un "changement législatif" comme un allongement de la durée pendant laquelle un logement bénéficie du statut plus avantageux de neuf et non d'ancien.

 

S'il dresse ce tableau d'ensemble, le dirigeant ne s'inquiète aucunement pour les perspectives de son groupe, au moment où il vient de susciter l'enthousiasme des marchés en affichant des prévisions ambitieuses de croissance pour les trois prochaines années. "Qu'est ce que je fais, moi? Je garde mes terrains en foncier, je ne mets pas de chantiers en production (le temps) que le gouvernement change de politique", a conclu M. Dinin. "J'ai un an ou deux où je souffre, mais j'ai (une visibilité de) cinq années devant moi."

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