Même si le Conseil d'Etat vient de valider le projet de décret déclarant d'utilité publique les travaux pour les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, rien n'est gagné pour autant. En effet, les opposants restent mobilisés, d'autant que 140 d'entre eux ont acheté un terrain sur le tracé afin de retarder le projet. Explications.

Le feu vert donné ce mercredi 25 mai 2016 par le Conseil d'Etat suffira-t-il pour lancer définitivement les travaux des lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax ? Pas sûr, si l'on en croit la volonté des opposants à faire annuler ces projets.

 

En effet, le Conseil d'Etat vient de valider le projet de décret déclarant d'utilité publique les travaux de ces deux lignes, qui s'inscrivent dans le cadre du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), dont l'une devrait mettre Toulouse à un peu plus de 3 h de Paris en 2020, contre près de 5h30 actuellement. Alain Vidalies, secrétaire d'Etat aux Transports, a annoncé que le texte sera publié avant le 8 juin. Pour lui, il s'agit d'une « étape majeure », après l'avis défavorable rendu en mars 2015 sur la DUP par la commission d'enquête publique qui estimait que le « gain de temps » attendu sur la liaison Bordeaux-Toulouse « n'intérressait qu'une population qui privilégie la vitesse plutôt que le prix du billet ». Le rapport avait aussi pointé des « insuffisances et faiblesses » dans le projet, comme des « impacts insuffisamment pris en compte » en terme de protection de la faune, de l'habitat ou de la viticulture. Pour le Président de la région Aquitaine, Alain Rousset, c'est également « une étape importante » pour l'avancement du GPSO.

 

Décision pharaonique et botte secrète

 

Mais le projet est loin de plaire à tout le monde. Ainsi, Gille Savary, député PS de la Gironde, est farouchement opposé et prédit une « longue et incertaine phase de contentieux et de recours ». Il souligne notamment les « contradictions nationales » entre « les priorités affichées à Paris de rigueur budgétaire, de protection de la biodiversité » et cette « décision politique pharaonique ».

 

Au lendemain de cette décision du Conseil d'Etat, un collectif baptisé Coordination vigilance LGV a fait savoir que 140 opposants avaient acheté un terrain de 1.800 m2 sur le tracé en Gironde afin de retarder la mise en œuvre du projet. « Deux parcelles d'une surface totale de 1.868 m2 » ont été acquises en « indivision par 140 personnes sur le tracé pressenti de la LGV en Sud-Gironde », a-t-il fait savoir dans un communiqué.

 

La transaction a eu lieu en juillet 2011, précise le collectif, soit « avant la signature de l'arrêté préfectoral gelant tout projet de vente ou de construction sur l'emprise du faisceau retenu » et « dans la plus grande discrétion pour éviter que Réseau Ferré de France n'entrave la vente ». Le collectif se dit « déterminé » à aller jusqu'au procès en expropriation en refusant tout accord à l'amiable, ce qui entraînera une longue et complexe procédure juridique pour retrouver les 140 copropriétaires un peu partout en France et à l'étranger… Une « botte secrète » dévoilée ce jeudi 26 mai qui pourrait bien remettre en cause les projets de LGV.

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