L'Agence internationale de l'énergie (AIE) affirme que le développement des énergies renouvelables risque d'être ralenti par des incertitudes politiques et réglementaires existant dans de nombreux pays. Une menace qui pourrait compromettre l'atteinte d'objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dans son rapport annuel sur le marché des énergies renouvelables, l'Agence internationale de l'énergie souligne un paradoxe : "Juste au moment où les renouvelables deviennent, pour plusieurs d'entre elles, une option compétitive, l'incertitude politique et réglementaire augmente dans plusieurs marchés clés", explique sa directrice exécutive Maria van der Hoeven. Même si la production mondiale d'électricité issue des EnR va continuer à croître dans les années qui viennent, pour représenter plus du quart de la production totale en 2020, le mouvement pourrait déjà se ralentir en 2015.

Forte demande en Asie, faible croissance en Occident

L'AIE s'alarme de l'existence d'un "risque de ne pas atteindre les niveaux de production nécessaires pour réaliser les objectifs mondiaux sur le changement climatique". Même si les préoccupations environnementales émergent en Chine, où les problèmes de pollution atmosphérique sont particulièrement aigus, le rapport précise que la très forte croissance des EnR ne suffira pas à couvrir les énormes besoins du pays. Elles n'atteindront que 35 % de cette demande, démontrant l'importance encore primordiale des carburants fossiles, charbon et pétrole en tête. Dans les pays développés, membres de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), les nouvelles capacités de production d'électricité seront liées à des renouvelables dans 80 % des cas, mais l'AIE explique que sur ces marchés, c'est la croissance de la demande qui fera défaut. L'Union européenne, par exemple, aurait du mal à définir un cadre énergétique commun au-delà de 2020, tout comme la mise en place d'un réseau continental intégrant les EnR.

Des centaines de milliards d'euros investis

Pour autant, les investissements dans ces énergies vont continuer sur l'ensemble du globe jusqu'à la fin de la décennie, au rythme de 175 Mrds €/an, un chiffre légèrement inférieur à celui enregistré en 2013 (190 Mrds €). Un repli (-8 %) qui pourrait s'expliquer par la baisse structurelle des coûts d'investissement. L'AIE précise que le Brésil connaît une forte demande dans l'éolien, alors que le Chili développe des capacités solaires. Les deux principaux moteurs de la croissance devraient demeurer l'hydroélectricité et l'éolien terrestre. Biocarburants et biomasse devraient également progresser mais à une vitesse moindre que celle de l'électricité renouvelable, toujours à cause "des incertitudes sur le renforcement des politiques de soutien dans l'UE et aux Etats-Unis".

Un plaidoyer du SER pour plus de volontarisme

Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) réagit à la publication du rapport de l'AIE : "L'Europe a été pionnière dans le développement des énergies renouvelables. Elle a su créer une industrie puissante qui emploie des milliers de personnes. Il ne faudrait pas, alors que le prix des technologies diminue régulièrement et qu'elles se développent partout dans le monde, que les pays européens réduisent leurs engagements. Industriels, gouvernements, régions doivent travailler ensemble pour que l'Europe reste le fer de lance des énergies renouvelables. Pour cela, l'UE doit fixer, à l'horizon 2030, un objectif ambitieux, au-delà des 27 % annoncés par la Commission européenne, et, surtout, rendre contraignants les objectifs des différents états membres". Le responsable syndical souhaite donc que la communauté se fixe des cadres de développement plus favorables aux EnR.

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