La caméra de Frédérique Pressmann a filmé pendant un an le parc de Belleville, ses habitants et sa flore. A travers l'histoire du jardin, la réalisatrice dévoile l'évolution du quartier mal-aimé de Belleville, dans le 20ème arrondissement de Paris.

Il était une fois un quartier de Paris, fatigué, parfois vétuste, mais loin d'être triste. Pour offrir une nouvelle vie à Belleville, l'on construit notamment un grand parc, le jardin Julien Lacroix. C'est l'âme de ce jardin - et, avec elle, celle de tout le quartier - que la réalisatrice Frédérique Pressmann met à nu dans son deuxième long-métrage, Le monde en un jardin.

 

Sans commentaires, avec pour bande-son les bruits omniprésents du quartier, Frédérique Pressmann filme les 45.000 m² du jardin, sa faune, sa flore. En premier lieu, Gérard Joubert, qui semble être le maître de maison. C'est sa rencontre avec ce jardinier paysagiste des Espaces verts de la Ville de Paris qui donne à la réalisatrice l'envie de raconter Belleville.

 

L'homme, qui anime des visites du jardin, connaît le quartier comme sa poche. Ses caïds, ses habitués, ses plantes bien sûr, mais aussi ses danseurs de tango et ses amateurs de Tai-chi. Il a vu Belleville se transformer sous les coups de pioches dans les années 80, et espère que le coin "ne deviendra pas trop bobo".

 

Un mélange de cultures
Car l'âme de Belleville réside aussi dans le mélange des genres, la confrontation des différences, comme le raconte un immigré chinois dans un français hésitant. Les scènes filmées en 2011 sont entrecoupées d'extraits de vidéos amateurs des années 60, 70, 80, comme autant de témoignages du passé, et de l'évolution du quartier. Le grand escalier a laissé sa place à une partie du jardin, et les habitants ont été relogés dans des immeubles alentours. La délinquance en baisse, la place est libre pour la culture, les échanges, le partage. Autant de concepts mis au jour par la caméra de Frédérique Pressmann.

 

Et, parmi les instants du quotidien, des moments magiques, des rencontres précieuses. Comme celle de Moussa, jeune rappeur habitant le quartier, et dont la maturité détone. "Faire danser les gens c'est beau, les faire réfléchir, c'est mieux" soutient-il à la caméra, avant de débattre avec une surprenante lucidité sur le racisme et l'intégration des gens de Belleville.

 

Un puzzle composé de portraits instantanés
Au fil des saisons, Frédérique Pressmann a ainsi rencontré, tour à tour, un Espagnol ayant grandi dans le quartier, "mélancolique" de ne pas retrouver les rues dans lesquelles il courrait, petit ; une vieille dame bien seule, qui raconte tutoyer Bertrand Delanoë ; un homme qui vient nourrir les chats du parc ; une femme venue en France pour faire soigner sa nièce, et qui chante Tino Rossi ; une petite fille qui veut "faire un herbier" avec les feuilles des plantes, etc. La réalisatrice offre ainsi autant de portraits instantanés de ces personnages, qui constituent chacun une pièce de l'étonnant puzzle du quartier de Belleville.

 


Le monde en un jardin
Le monde en un jardin © Film Le monde en un jardin

Le monde en un jardin

 


Réalisation : Frédérique Pressmann
Sortie en salle le 22 janvier 2014
Sortie du coffret DVD le 1er février 2014
France, 2011, 91', 16/9e, son stéréo
Une coproduction : entre2prises, Label Vidéo, Téléssonne, Télé Bocal
Prix découverte 2012 de la Scam

 

 


actionclactionfp