Le dispositif d'encadrement des loyers, désormais limité à une expérimentation parisienne, pourrait cependant être étendu à d'autres municipalités. Martine Aubry, maire de Lille, et Christophe Ferrari, président de l'agglomération grenobloise, ont manifesté leur désir d'adopter ce mécanisme. Le Premier ministre n'est pas opposé à ces décisions qui relèvent toutefois des Conseils municipaux.

Manuel Valls, qui a dévoilé un ensemble de mesures destinées à relancer le secteur de la construction en France, a notamment annoncé la suspension de l'encadrement des loyers au niveau national et son application à la seule ville de Paris, à titre expérimental. Mais d'autres agglomérations ont manifesté leur intérêt pour ce mécanisme de régulation. Au lendemain des annonces gouvernementales, la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, a déclaré : "Nous demandons que, comme Paris, Lille et d'autres villes volontaires bénéficient de l'encadrement des loyers prévu par la loi Alur dans le respect de l'engagement 22 de François Hollande". Audrey Linkenheld, députée du Nord, conseillère municipale déléguée au plan de l'habitat et co-rapporteur de ladite loi, explique à l'AFP : "Le fait que l'on n'encadre que Paris est incompréhensible au regard du marché immobilier français et de la situation dans un certain nombre de territoires, où les loyers dépassent les moyens de beaucoup de personnes".

Plusieurs mois de travail encore nécessaires

Martine Aubry note que les conditions techniques ne sont pas partout réunies pour pouvoir fixer des loyers de référence dans toutes les agglomérations à situation immobilière tendue. "Comment pourrait-il en être autrement quelques mois à peine après l'adoption de la loi Alur ? A Lille, depuis plus d'un an maintenant, nous travaillons en anticipation des obligations légales. Plus que jamais, nous sommes déterminés à faire aboutir ce travail", prévient-elle. La maire socialiste souhaite réguler localement les loyers et les rapprocher des capacités financières réelles des habitants de l'agglomération, "reconnue comme la troisième ville la plus chère de France". Selon Audrey Linkenheld, encore six mois de travail seront nécessaires avant de parvenir à l'établissement d'un index local des loyers, en concertation avec les collectivités, les professionnels et l'Agence départementale d'information sur les logements. Emboîtant le pas de l'élue nordiste, Christophe Ferrari a également déclaré vouloir expérimenter l'encadrement des loyers dans l'agglomération grenobloise dont il est le président. "Cela nous paraît extrêmement intéressant", a-t-il précisé à l'AFP.

Porte ouverte à d'autres villes

Le Premier ministre n'a pas tardé à réagir à la demande, en annonçant, au Journal du Dimanche : "Si en plus de Paris, d'autres villes comme Lille sont volontaires pour expérimenter l'encadrement des loyers, qu'elles le fassent". Avec cette porte laissée ouverte par Manuel Valls, d'autres communautés d'agglomérations socialistes pourraient manifester leur désir d'adopter, à leur tour, ce dispositif. Marie-Arlette Carlotti, élue d'opposition à Marseille, a, par exemple, fait savoir qu'elle le demanderait pour la cité phocéenne. Car les conseils municipaux peuvent, s'ils le souhaitent, faire appliquer de façon locale cette mesure abandonnée au niveau national, sans en référer au gouvernement.

 

De son côté, Cécile Duflot avait qualifiée d'inouïe la décision d'abandonner l'encadrement et qu'il s'agissait d'un "cadeau fait aux lobbies". L'ex-ministre du Logement avait notamment déclaré : "On a cédé à une opération de communication et d'intoxication en oubliant des centaines de milliers, voire des millions, de personnes qui souffrent de la crise du logement".

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