L’association corse de défense de l’environnement qui s’élève contre «l’expansion de l’urbanisation» a eu raison de la villa de Jacques Séguéla. Le publicitaire s’est vu annuler son permis de construire à Bonifacio.

Jacques Séguéla devra aller construire sa villa ailleurs. Le commissaire du gouvernement devant le tribunal administratif de Bastia a confirmé jeudi l’annulation du permis de construire accordé au publicitaire. Ce dernier voulait construire une villa de 568 m² sur un terrain de deux hectares à Cala Longa, sur les hauteurs de Bonifacio.

L’Association bonifacienne comprendre et défendre l’environnement (ABCDE) avait demandé la suspension de la construction de la villa de Jacques Séguéla, en raison de sa localisation sur un site vierge de toute construction, à Cala Longa, près de la citée perchée de Bonifacio. L’avocat d’ABCDE a fait valoir que le permis de construire contrevenait à l’article 146 du code de l’urbanisme stipulant que «l’extension de l’urbanisation doit se réaliser soit en continuité avec les agglomérations et villages existants, soit en hameaux nouveaux intégrés à l’environnement». Depuis le début de l’année, l’autorisation de construire délivrée à Jacques Séguéla a été suspendue par le tribunal administratif, autorisée une nouvelle fois par la même juridiction statuant en référé, puis suspendue par le Conseil d'Etat.

L’association ABCDE a déjà obtenu une trentaine d’annulations en dix ans. Jeudi, cinq autres permis de construire étaient contestés par ABCDE devant le tribunal administratif de Bastia. Le commissaire Maury a proposé un feu vert pour un seul de ces permis. Parmi les permis annulés, figure celui de Marc Sulitzer, cousin de l'écrivain Paul-Loup Sulitzer.

Menaces
C’est Jean-Baptiste Lantieri, le maire de Bonifacio de l'époque, qui lui avait vendu le terrain pour la somme de 2,7 millions d'euros. La villa devait faire plus de 2.000 m². Au printemps, l’organisation clandestine armée «FLNC 1976» avait adressé des lettres de menace «au colon Jacques Séguéla», «au colon Marc Sulitzer» ainsi qu'«au colon Xavier Delsol», avocat lyonnais, pour une villa de 348 m². Le permis de construire de ce dernier a également été annulé jeudi. Le mouvement clandestin évoquait dans ses lettres la défense du patrimoine foncier corse, et menaçait Jacques Séguéla de représailles s'il ne renonçait pas à sa villa. «Notre terre est aujourd'hui en vente, les étrangers qui se l'accaparent doivent être avertis: ils risquent de payer un lourd tribut, aucun d'eux ne peut se considérer à l'abri», avait écrit le mouvement.

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