Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), 40% de la population mondiale vit à moins de 60 km du rivage. Des zones côtières sans défense face aux risques climatiques, comme l’a démontré l’impact du cyclone Katrina à la Nouvelle-Orléans.

L'urbanisation accélérée des zones côtières depuis le début du siècle s'est faite au détriment des milieux - marais, mangroves, barrières coralliennes - qui jouent un rôle de protection naturelle en cas d'inondation. Dans son dernier rapport (Géo 3), le PNUE rappelle que 37% de la population mondiale était concentrée en 1994 sur les côtes, soit plus que toute la population mondiale de 1950.


Une grande partie de la Nouvelle-Orléans est située sous le niveau de la mer, entre le Mississippi, proche de son embouchure, et le lac Pontchartrain. Ce site en cuvette est entouré de digues, dont plusieurs ont cédé sous la pression du cyclone Katrina, provoquant des inondations qui ont submergé quelque 80% de la ville. Des régions entières du globe sont proches du niveau de la mer : deltas, petites îles, une partie du Bangladesh, des Pays-Bas, ou encore la Camargue. «La densité de population augmente, l'infrastructure est trop sollicitée, les zones de peuplement se rapprochent d'industries qui peuvent être dangereuses et un nombre croissant de bâtiments sont construits sur des zones fragiles (...): de ce fait, les catastrophes naturelles touchent davantage de personnes et les pertes économiques sont plus importantes», relève le Programme des Nations unies pour l’environnement.


Un futur très sombre pour les zones côtières
La décennie 1990-2000 a vu une multiplication par 3 des grandes catastrophes naturelles, mais les pertes ont, elles, été multipliées par 9, selon l'assureur Munichoise de réassurance. Le débat ouvert sur l'opportunité de la reconstruction de la Nouvelle-Orléans ne pourra ignorer les prévisions très sombres pour les zones côtières des experts du climat.

Le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC, IPCC en anglais) estime que le nombre annuel moyen des personnes qui seraient victimes, sur les côtes, d'inondations causées par les ondes de tempêtes augmenterait de 75 à 200 millions de personnes dans le cas d'une élévation de 40 cm du niveau de la mer d'ici 2080. L'élévation attendue du niveau de la mer (9 à 88 cm d'ici 2100) aura pour effet «d'amplifier les tempêtes, et en particulier les inondations dues aux ondes de tempêtes et l'érosion des côtes», relève le dernier rapport (2001) de ces 2.000 chercheurs travaillant sous l'égide de l'ONU. Le rapport juge probable des «pointes de vent plus intenses» et «pointes de précipitations plus intenses lors des cyclones tropicaux». Les simulations «vont dans le sens d'une augmentation du nombre des cyclones et peut-être de leur puissance», estime le climatologue français Hervé Le Treut, directeur de recherches au CNRS. Face à la réalité de plus en plus évidente du changement climatique, les experts demandent aux gouvernements de prendre d'urgence des mesures de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, mais aussi des mesures d'adaptation : protection des côtes, plans d'utilisation des sols, plans d'atténuation des catastrophes.



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