En début d'année, le mètre carré atteint plus de 4.100 euros en moyenne dans la capitale, mais les professionnels excluent toujours un scénario de crise semblable à celui des années 90.

Tant la Fédération nationale des agents immobiliers (FNAIM) que les notaires pronostiquaient il y a encore quelques mois un ralentissement des prix, une sorte de "pause", d'atterrissage en douceur.
Mais il n'en est rien, et les appartements anciens ont encore vu leur prix grimper de 12,3% à Paris par rapport à la même période de l'année dernière.

"Les prix augmentent dans des proportions très inquiétantes et de manière encore plus forte dans la petite couronne qu'à Paris", reconnaît Catherine Carély, responsable de la conjoncture immobilière à la chambre des notaires de Paris.
De surcroît, "ce sont les communes qui sont les plus déshéritées, avec de l'immobilier bas de gamme, qui augmentent le plus", s'inquiète-t-elle. Et les mois d'avril, de mai et de juin semblent suivre la même cadence.

Les départements de la périphérie comme les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, affichent en effet des progressions étonnantes, la palme revenant au Val-de-Marne avec un pic de 16,6%.

En Seine-Saint-Denis, les villes de Pantin (32%) et de Montreuil (31,3%) ont franchi les 30% de hausse sur les trois premiers mois de l'année.
"Si les prix continuent d'augmenter et si les taux d'intérêt remontent, il va y avoir un problème", explique Catherine Carély.

Alors, faut-il craindre l'explosion d'une bulle immobilière comme dans les années 90, et contre laquelle le FMI a récemment mis en garde au niveau mondial s'appuyant sur la flambée des prix dans plusieurs pays ?

Pour Bernard Grech, président du réseau d'agences immobilières Orpi, "le marché n'est pas sain, car il y a une crise de l'offre". "Il n'y a pas de bulle, cela ne peut pas exploser", mais "la crise est plus grave que dans les années 90, car il s'agit d'un mouvement inversé".

En effet, la crise ne crée pas de "blocage économique", le secteur "se porte très bien, mais il y a une insatisfaction des acquéreurs, qui, elle, est psychologique et ne se mesure pas économiquement".
"Quand on est obligé de rejeter les demandes de neuf acquéreurs sur dix, selon les marchés, ce n'est pas normal", explique M. Grech. Ce déséquilibre entre l'offre et la demande est particulièrement saillant en Ile-de-France, région où l'on construit très peu.

"Peut-être qu'on est dans une bulle, mais pas spéculative comme en 1992, car à cette époque c'était les professionnels qui l'entretenaient", estime pour sa part Catherine Carély. En 2004, selon les statistiques établies par les notaires, 93% des acheteurs sont des particuliers,

En fait, les ménages choisissent aujourd'hui d'investir dans la pierre, échaudées par le marché boursier mais aussi pour se préparer "un toît pour la retraite", pour se constituer un patrimoine.
"Les marchés immobiliers sont dérégulés: les valeurs, aussi bien les prix que les loyers, progressent bien au delà des revenus de ménages qui cherchent à se loger", constate Michel Mouillard, professeur d'économie à Paris X Nanterre, dans la dernière publication de l'Acmil (Association de coordination des moyens d'intervention pour le logement).

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