INTERVIEW. Vinci Immobilier enregistre une "très bonne performance" en immobilier d'entreprise en 2019, explique Patrick Supiot, directeur général en charge de ce segment. Les deux projets qui vont prendre leur essor cette année sont placés sous le signe "de la frugalité et du bas-carbone".

Batiactu : Quel bilan tirez-vous de l'année écoulée ?

 

Patrick Supiot : Vinci Immobilier a connu une très bonne année 2019, avec des résultats dans la même veine que 2018. Ces résultats sont basés sur la bonne performance du résidentiel comme de l'immobilier d'entreprise. Nous enregistrons une hausse globale de 50% du chiffre d'affaires, à 1,9 milliard d'euros (acté en quote-part groupe)[Le résultat net recule, en revanche, de 3,7%, à 65 millions d'euros, NDLR]. En immobilier d'entreprise, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 732,1 millions d'euros (acté en quote-part groupe), soit +126%, avec des surfaces vendues en forte hausse, pour un total de 123.522m². 2019 nous a permis de concrétiser de grosses opérations dont To-Lyon, IGH dans le secteur Part-Dieu, comprenant 60.000m² de bureaux et hôtel, commercialisés l'année dernière. InDéfense est une autre opération commercialisée en 2019 : 10.000m² de bureaux sur les Groues, à Nanterre. En termes de livraisons, on peut citer Eko Active à Marseille [8.000m²], ou encore le centre commercial Le Belvédère, à La Défense [17.000m²], loué à 100% avant sa livraison.

Qu'attendez-vous de 2020 ?

2020 sera une année différente, avec deux grosses opérations qui vont avancer. La plus importante, bien sûr, c'est le Village des athlètes (ne dites plus "Village olympique") à Saint-Denis et Saint-Ouen (93), puisque nous avons un accord de partenariat avec la Solidéo en cours de discussion pour plus du tiers du Village, sur des terrains dont nous sommes propriétaires avec la Caisse des Dépôts, depuis longtemps, pour 109.000m² de logements mais aussi de bureaux aménagés de manière transitoire en logements pour les athlètes. L'autre grosse opération tertiaire en lancement pour Vinci Immobilier, c'est le projet de l'Ile Seguin, à Boulogne-Billancourt. Nous y développons, avec nos partenaires Icade et Hines, 130.000m² de bureaux et d'activités, et détenons 38% des droits à construire. La demande de permis de construire a été déposée le 12 février. Par ailleurs, nous attendons deux livraisons d'envergure cette année : Illumine, 7.000m² de bureaux restructurés, vendu à CDC et intégralement loué à la livraison, et l'immeuble At Work, 6.000m² de bureaux en limite du Village des athlètes.

Quels sont vos principaux axes stratégiques ?

Une des questions principales pour Vinci Immobilier c'est celle du foncier. Nous allons continuer notre stratégie engagée en 2018 et 2019, à savoir les développements ou redéveloppements urbains soit sur fonds propres, soit avec partenaires sous formes diverses, maîtrise d'ouvrage déléguée par exemple.

Pourquoi ce besoin de partenaires ?

La raison est simple : nous ne sommes pas investisseurs, donc nous ne pouvons pas immobiliser des sommes gigantesques sur un grand nombre de fonciers. S'allier à des investisseurs ou d'autres constructeurs permet de se positionner sur plus d'opérations.

Quelle est l'autre pendant de la stratégie foncière ?

En 2019, nous avons largement développé le pôle aménagement et grands projets. Nous comptons continuer à trouver des fonciers très en amont, avec des fonds propres réduits, à valoriser par les droits à construire. Comme sur le modèle d'Universeine, maintenant intégré au Village des athlètes, mais acheté il y a une décennie environ, en l'état, pollué, avec les bâtiments, et sans PLU qui permettait quoi que ce soit. C'est le travail avec Plaine commune (la collectivité) qui a permis de dégager les 160.000m² de droits à construire.

Quelle est votre stratégie en matière de bas-carbone ?

Le bas-carbone est une problématique dont nous nous sommes saisis il y a plus d'un an, dans le cadre de notre travail avec la Solidéo, qui s'est donnée comme marqueur des Jeux vertueux. Nous avons donc développé toute une méthodologie constructive, avec l'utilisation du bois, de l'acier, du béton bas-carbone, la frugalité des structures… Maintenant, nous lançons la réflexion sur l'ensemble de nos projets, avec une approche sur les modes constructifs qui intègre systématiquement le critère carbone, à la fois en termes de performance fonctionnelle du bâtiment et de bilan carbone de l'opération. Une chose est claire : à chaque opération sa réponse technique. Il n'y a pas de dogme tout bois-métal ou béton bas-carbone à avoir. Par exemple, sur le projet de l'Ile Seguin, pour les trois bâtiments que nous construisons, la réponse n'a pas été la même, en fonction de leur morphologie.
C'est sur l'Archipel, notre nouveau siège en construction à Nanterre, que nous allons tester en premier le béton bas-carbone. La frugalité en carbone d'un bâtiment n'est pas qu'une question de structure. Il faut penser la frugalité des matériaux dans les aménagements, comme par exemple les faux-plafonds. C'est un axe de recherche important, et ce n'est pas du détail : ça implique notamment de travailler nos réseaux de chaud et froid.

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