FINANCEMENT. Où aller chercher les milliards d'euros qui pourraient permettre de financer la transition énergétique et environnementale ? Le député proche de Nicolas Hulot Matthieu Orphelin expose auprès de Batiactu son idée qui pourrait bien devenir réalité dans le futur projet de loi de finances 2020.

Comment mobiliser rapidement des milliards d'euros spécialement affectés à la transition énergétique ? Le député non inscrit de Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin, évoque une solution qu'il compte soumettre sous forme d'amendement dans le cadre des futures discussions sur le projet de loi de finances 2020.

 

Un "produit d'assurance innovant"

 

Il s'agirait de proposer aux Français, qui ont une tendance naturelle à l'épargne, un produit d'assurance innovant permettant de flécher l'intégralité des montants vers le développement durable. "Rien que sur les sept premiers mois de l'année 2019, 17 milliards d'euros ont été placés en assurance-vie", illustre le député auprès de Batiactu. "Il nous faudrait donc créer un produit comparable qui financerait le déficit d'investissement que nous connaissons en France dans l'écologie et le bâtiment durable."

 

 

Il chiffre à 25 milliards d'euros le manque de financement vert (dont la moitié concernerait le secteur de la construction). "Nous pourrions définir un produit d'investissement de moyen terme, avec une durée minimum de maintien de dix ans, par exemple. L'État pourrait garantir l'investissement initial. Et cela nous permettrait de raconter une belle histoire aux utilisateurs, vu que leur épargne serait utilisée directement pour la transition écologique." Matthieu Orphelin insiste sur la nécessité, le cas échéant, de proposer un produit d'épargne "très simple".

 

"Mon ennemi, ce n'est pas la finance"

 

Au salon Cities to be, la semaine dernière, il avait présenté ces idées, rappelant que la logique de profit à court terme devait être abandonnée au profit d'une vision plus à moyen et long terme, dans le cadre d'une économie de plus en plus verte. Tout en rappelant "avoir besoin de la finance". "Mon ennemi, ce n'est pas la finance, c'est le réchauffement climatique", avait-il précisé, sous forme de clin d'œil à une fameuse sentence du candidat à la présidentielle François Hollande.


CITE : le spectre d'une baisse du budget alloué

 

Le député a également en ligne de mire, en vue du PLF 2020, la défense du budget alloué au crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), transformé en prime à partir de l'an prochain. Il a pour cela envoyé un courrier début septembre aux membres du Gouvernement concernés, dont Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire. "Il y a une tentation à Bercy de profiter de la réforme pour faire baisser le budget, aujourd'hui situé aux alentours de 800-900 millions d'euros", assure-t-il à Batiactu. "Le retrait des ménages les plus aisés du dispositif ne doit pas amener à baisser les crédits, mais au contraire à investir davantage sur les ménages les plus précaires à qui sera réservée, dans un premier temps, la transformation en prime." Le député attend du Gouvernement de mettre des scénarios sur la table et de faire preuve de transparence sur ce dossier emblématique. Matthieu Orphelin invite également le Gouvernement à aller plus loin en matière d'incitation pour l'offre globale - en l'état actuel des choses, les aides portant sur des gestes simples de rénovation semblent en effet plus intéressants que celle portant sur un bouquet de travaux. Autre point souvent évoqué et qui reste, pour l'instant, en chantier : proposer des aides aux propriétaires non-occupant. Des positions proches de celles du réseau pour la transition énergétique (Cler).

 

Les discussions autour du projet de loi de finances s'annoncent intéressantes et probablement animées.

actionclactionfp