La Loi de modernisation de l'économie (LME), publiée le 4 août dernier, a fait fi des revendications des fédérations d'entreprises du BTP qui réclamait une réduction progressive des délais de paiement. Aujourd'hui, elles se mobilisent encore plus envers les Pouvoirs publics pour les alerter sur le danger économique que représenterait l'adoption du délai à 45 jours au 1er janvier 2009. Mise au point avec le directeur général de la CGI.

Batiactu : Dans quel contexte menez-vous désormais votre combat pour une réduction graduelle des délais de paiement ?

Hugues Pouzin : En janvier dernier, lors des réunions avec Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et moyennes entreprises, du Tourisme et des services, sur la réforme des délais de paiement, nous nous sommes prononcés favorablement, considérant que leur réduction favoriserait l'équilibre des entreprises. Toutefois, nous avons mis en garde sur une cassure trop brutale de ces délais, en demandant une échéance dégressive sur 2 à 3 ans. Nous avons ainsi fait valoir les difficultés que cela engendrerait dans le secteur, en passant de 102 jours actuellement à 45 jours. C'est mission impossible ! Mais, crise conjoncturelle et crise financière survenant, il y a eu un raidissement et la loi a été publiée cet été. Nous avons ainsi travaillé sur un accord professionnel dérogatoire, notamment dans les secteurs de l'appro BTP (300 milliards d'euros de CA, 500.000 salariés), du sanitaire-chauffage-climatisation-plomberie, de la distribution de matériel électrique, de la quincaillerie industrielle et des fournitures industrielles. Cet accord CGI réclamait une dégressivité des délais comme suit : 75, puis 65, 55 et 45 jours au 1er janvier 2012. Seul le secteur sanitaire-chauffage-climatisation-plomberie a reçu une réponse positive. Ça a été un « non » catégorique pour la quincaillerie et les fournitures industrielles, et très compliqué pour l'appro BTP et la distribution de matériels électriques.



Batiactu : Concrètement, quel serait l'impact sur les entreprises, et notamment les PME qui constituent 95% des entreprises de la CGI ?

Hugues Pouzin : Cela risque d'entraîner la fermeture pure et simple de certaines entreprises, la modification du business-model qui est le nôtre actuellement, et surtout un coût pour ces entreprises compris en 10 et 20 milliards d'euros. Le commerce interentreprises représente tout de même 1 million de salariés et pèse 700 milliards d'euros !



Batiactu : A l'heure actuelle, où en sont les signaux envoyés aux pouvoirs publics ?

Hugues Pouzin : En effet, nous avons alerté les pouvoirs publics une nouvelle fois, notifiant que l'on avait compris la réforme voulue, qu'on la supportait, mais que le gouvernement devait nous accompagner à mettre en place un échéancier dégressif. C'est vraiment ce qui manque, la communication et l'accompagnement. Il faut que l'Etat joue son rôle de régulateur. Dans une dizaine de jours, je pense que les choses vont bouger…

actionclactionfp