Les 10 et 11 février prochains, la Russie présidera pour la première fois chez elle les rencontres officielles du G8. Les pays les plus industrialisés du monde se réuniront dans un palais moscovite, dont le décor éclectique a été restauré pour l’occasion.

C’est à deux pas du Kremlin de Moscou, dans un ancien hôtel particulier de la rue Vozdvijenka, que se tiendront tout au long de l’année les manifestations officielles liées à la présidence russe au G8. L’édifice centenaire, qui abrite aujourd’hui la Maison des réceptions du gouvernement, a rouvert ses portes en janvier après 14 mois de travaux.

Depuis 2003, les experts se sont succédé sur le chantier pour reconstituer les intérieurs historiques, les éléments du décor manquants et les façades perdues, ainsi que le toit en tôles de cuivre et la grille de fer forgé autour de l'hôtel particulier. Une rénovation accompagnée d’une modernisation des installations techniques comme la climatisation, la ventilation et le chauffage. Et également la mise en place de systèmes de télévision et de télécommunications pour mener dans de bonnes conditions des conférences et des points de presse, des rencontres et des négociations.

Succession de styles et d'époques
Classé bâtiment historique, cet hôtel particulier a été érigé à la fin du XIXe siècle (1894-1899) par l’architecte Viktor Mazyrin pour le collectionneur Arseny Morozov. Impressionné par le Château des Maures à Sintra, près de Lisbonne (Portugal), ce riche héritier d’une famille de marchands et industriels a introduit le style mauresque à Moscou, créant l’étonnement général. Les tourelles agrémentées de coquillages en façade et de dentelle de pierre en toiture étaient des éléments totalement étrangers à l’architecture russe. L’intérieur n’est pas en reste avec son mélange de styles (classicisme, rococo, empire) et d’époques (antiquités grecque, romaine et chinoise).
Après la révolution de 1917, Arseny Morozov, dont la collection de porcelaines, d'argenterie et d'icônes a été confisquée par les bolcheviques, a continué à occuper deux petites pièces au rez-de-chaussée de son hôtel, cohabitant avec le commissariat des Finances. A la mort du propriétaire, l’hôtel a vu se succéder de nombreux locataires. De 1918 à 1928, l’édifice abrita le mouvement culturel prolétarien Proletkoult et son théâtre. De 1928 à 1940, il fut la résidence de l'ambassadeur japonais, puis accueillit de 1941 à 1945 le journal Allié britannique «Britanski Soyouznik». De 1952 à 1954, l'ambassade indienne s’y installa. Enfin, dans les années cinquante, l'hôtel devint le siège de la Maison de l'Amitié avec les pays étrangers, ce qui fut sa dernière destination avant d’accueillir le G8 en 2006.

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