ANALYSE. Le ministère de la Transition écologique et solidaire a produit une étude sur la tenue des émissions de carbone de l'économie française entre 1990 et 2017, consacrant notamment un développement au sujet du résidentiel.

C'est une étude riche en enseignements que vient de publier le Commissariat général au développement durable (CGED). Intitulée "Les émissions de CO2 liées à l'énergie en France", elle analyse celles-ci sur la période allant de 1990 à 2017, avant d'opérer un focus sur chacun des secteurs les plus contributeurs, dont le résidentiel.

 

Sur un plan général, le CGED rappelle en premier lieu que la France est, parmi les pays du G7, l'un de ceux dont l'économie est la moins carbonée. "Les émissions de CO2 par habitant, en France, en 2016, sont inférieures de 59% à la moyenne", précise l'administration. La principale raison en est bien sûr le recours massif au nucléaire (42% en France du mix, contre 11 % en moyenne dans le G7). Deux autres pays se détachent, mais pour d'autres raisons : la Suède et le Canada qui profitent de "fortes contributions des énergies renouvelables", la biomasse (21% en Suède) et l'hydraulique, "premier moyen de production d'électricité dans ces deux pays".

 

Tableau étude CGED
Émissions de CO2 du secteur résidentiel par usage en France entre 1990 et 2017 © CGED, 2019

 

Plus spécifiquement sur la partie résidentiel, le CGED rappelle que ce segment pèse 27% de la consommation énergétique, et représente 60,7 Mt en matière de CO2, "un cinquième des émissions nationales dues à la combustion d'énergie". Dans les émissions CO2 du logement, 75% proviennent du chauffage. La raison ? Pour le CGED, il s'agit des conséquences de la pointe hivernale, nécessitant "le recours aux moyens de production d'électricité de pointe, notamment les centrales thermiques à combustibles fossiles". "À l'inverse, l'électricité spécifique, dont la consommation, davantage répartie tout au long de l'année, a un contenu carbone moins élevé que celle liée au chauffage électrique, pèse significativement moins dans les émissions de CO2 (7 %) que dans la consommation d'énergie", notent les auteurs de l'étude.

 

Mix énergétique dans le résidentiel
Consommation d'énergie du secteur résidentiel par forme d'énergie en France entre 1990 et 2017 © CGED, 2019

 

Bonne nouvelle, le secteur progresse en matière de baisse des émissions, notamment depuis 2008. La chute se décompose ainsi, -26% sur la période 1990-2017, dont -3,4% par an en moyenne après 2008. D'après l'administration, la principale raison de ce progrès est le moindre recours aux énergies carbonées dans les consommations, notamment depuis 2005. Ceci s'explique à la fois par le développement du nucléaire et par l'utilisation de plus en plus marquée des énergies renouvelables, comme les pompes à chaleur et le bois énergie, solutions citées par le CGED. Un autre facteur est celui de la décarbonation du chauffage urbain.

 

Les progrès en matière de rénovation énergétique des logements, souligne le CGED, n'ont fait que compenser l'augmentation naturelle de la surface totale du parc résidentiel. "La consommation de chauffage au mètre carré diminue ainsi en moyenne de 1,9% par depuis 2005, contre 1,3% par an dans les années 90", note le commissariat. Avant de pointer un autre atout de la France en matière d'émissions carbone, l'utilisation relativement limitée des climatiseurs en comparaison des autres membres du G7.

 

Emissions de CO2 liées au chauffage résidentiel
Emissions de CO2 liées au chauffage résidentiel © CGED, 2019

 

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