L'opérateur Voltalis, qui aide les foyers à réduire leur consommation électrique, devra dédommager EDF pour les économies réalisées. Les Verts et l'association Sortir du nucléaire expriment leur colère.

Un «racket organisé», une «prime au gaspillage énergétique»… en totale «incohérence avec les engagements du grenelle de l'environnement». Ce week-end, l'association Sortir du nucléaire et les Verts n'ont pas eu de mots assez durs pour condamner l'avis de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), susceptible d'imposer selon eux «une taxation des économies d'électricité réalisées par les consommateurs».

 

En effet, la société Voltalis, à l'aide d'un petit boitier placé en aval du compteur, aide à réduire la consommation des foyers et des entreprises en cas de tension sur le réseau électrique. Elle propose à ses clients français de déconnecter automatiquement du réseau des appareils thermiques très gourmands en électricité, tels que les radiateurs, ballons d'eau chaude et climatiseurs. Pour les consommateurs, ce système ingénieux peut se traduire par une baisse annuelle de la consommation de «5 à 10%». Voltalis, de son côté, monnaye ses compétences auprès de RTE, le gestionnaire du réseau électrique, qui a l'obligation d'assurer l'équilibre entre la production et la consommation électrique. C'est ce que l'on appelle «l'effacement diffus», plus écologique que la construction de centrales thermiques en cas de forte demande.

 

Mais ce qui paraît incongru, c'est que Voltalis devrait rémunérer le fournisseur d'électricité dont il baisse la consommation. La justification : lorsque Voltalis baisse la consommation des foyers pendant les pics, la production totale d'électricité ne diminue pas pour autant. Elle est maintenue au même niveau pour assurer l'équilibre du système.

 

«Une prime au gaspillage»
«Cette décision constitue une prime au gaspillage énergétique et se révèle incohérente avec les engagements du Grenelle de l'environnement visant à diminuer la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre», ont fustigé les Verts. Ce faisant, ajoute-t-ils, le gendarme de l'énergie a failli à sa mission en défendant les intérêts des fournisseurs d'électricité, en premier lieu ceux d'EDF, «au détriment des consommateurs et de l'environnement». Cette affaire ne fait qu'accroître les critiques contre le groupe (demande de hausse de 20% des tarifs, investissements à l'étranger...), dont les campagnes font pourtant la promotion des économies d'énergie et d'une production sans C02 grâce au nucléaire et à l'hydraulique.

 

Une taxe de 70 à 80% ?
Voltalis, qui souligne les bénéfices pour le consommateur, redoute donc l'instauration prochaine d'une «taxe de 70 à 80%» sur ses revenus et en appelle au président de la République. Quelques jours après la polémique sur les prix de l'électricité, le créateur de l'entreprise, Pierre Bivas, affirme en effet dans un entretien à Libération que le système, en réduisant le nombre de centrales nécessaires, «permettrait d'éviter la hausse des tarifs de 20% que réclame Pierre Gadonneix, le patron d'EDF».

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