Huit ans de combat n'auront pas suffi. Un arrêté préfectoral aurait définitivement signé l'arrêt de mort des deux barrages de la vallée de la Sélune, un fleuve situé dans un bassin riche en saumons près du Mont Saint-Michel. Exploités depuis les années 30 par EDF, ces ouvrages alimentaient 15.000 personnes en électricité mais étaient jugés incompatibles avec la libre circulation des poissons migrateurs… Détails.

Une victoire pour les associations écologistes. Le préfet de la Manche vient de notifier à EDF l'arrêt de l'exploitation de deux barrages, Vézins et la Roche-Qui-Boit sur la Sélune, un fleuve situé dans un bassin riche en saumons près du Mont Saint-Michel, ce qui concrétise une annonce ministérielle de 2009 très contestée sur le territoire

 

La vidange des barrages hydroélectriques de Vézins et de La Roche-Qui-Boit, « n'aura pas lieu avant 2015 », a précisé ces jours-ci à l'AFP le directeur du cabinet du préfet, Benoît Lemaire. EDF aura la gestion des ouvrages jusqu'à la fin de la vidange. L'opération est, en effet, délicate en raison des 1,8 million de m3 de sédiments cumulés, car les barrages jouent le rôle de barrière à métaux lourds. Et la dernière vidange date de 1993. Elle avait ainsi provoqué une grave pollution de la baie du Mont Saint-Michel, classée au patrimoine de l'Humanité par l'Unesco. Le plus important de ces barrages est celui du Vézins, un mastodonte de béton armé de 36 mètres de haut et 278 mètres de long.

 

Ce serait le plus important barrage jamais détruit en France, selon les écologistes. Ces ouvrages, qui produisent 0,04% de la production électrique française, font l'objet d'un bras de fer entre les écologistes (WWF, FNE) soutenus depuis 2009 par le ministère de l'Environnement, et nombre d'élus locaux dont le député Guénhaël Huet (UMP), confortablement réélu en juin, et le sénateur et ex-ministre Philippe Bas (UMP).

 

Une opération estimée à 15 M €
Pour ces derniers, la suppression des barrages - qui menace l'existence d'une base nautique - est nuisible à l'activité économique et risque de polluer. «L'arasement ne se produira qu'une fois défini, en concertation notamment avec les élus concernés, le dispositif d'accompagnement prévu pour développer un nouveau projet de territoire pour la vallée de la Sélune », a souligné la préfecture dans un communiqué. Selon elle, l'opération est estimée à 15 M €, dont 5 de renaturation et 5 autres de mesures d'accompagnement économique.

 

Un chiffre beaucoup trop bas pour les écologistes pour qui elle se comptera en dizaines de millions d'euros. En 2010, la cour administrative d'appel de Nantes avait mis en demeure EDF d'assurer la circulation des grands migrateurs au droit des ouvrages de La Roche-Qui-Boit et de Vezins avant 2014. La Sélune est le troisième cours d'eau en France pour son potentiel en saumons.

 

Par ailleurs, l'association « Les amis du barrage » ne compte pas en rester là et doit prochainement rencontrer la nouvelle ministre de l'Ecologie, en compagnie d'élus locaux. Ils feront notamment valoir le coût du chantier de la vidange des retenues d'eau.

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