CONTENTIEUX. La société Hermitage a mis en demeure l'établissement public Paris La Défense de lui vendre le foncier nécessaire à la construction des tours du même nom. Pour l'aménageur, le projet, né en 2010, est au contraire "caduc". Un refus de permis de démolir est venu jeter un trouble supplémentaire.

Plus d'un milliard d'euros. C'est ce que réclamera le groupe Hermitage à Paris La Défense en dommages-intérêts si l'établissement public du quartier d'affaires ne respecte pas ses obligations dans le projet Hermitage Plaza. Deux tours, dont l'une serait "la plus haute d'Europe", et qui doivent, selon le promoteur-investisseur russe Emin Iskenderov, PDG d'Hermitage, être livrées en 2024 sur le territoire de Courbevoie.

 

Ce dernier a mis en demeure l'aménageur, le 19 février, de "signer les promesses de vente issues du protocole du 19 juin 2010 sous peine d'indemnisation des préjudices subis par le groupe". Celui-ci prévoyait la construction de 400 logements de luxe, 40.000 m² de bureaux ou encore un hôtel cinq étoiles de 200 chambres, le tout pour un coût total de trois milliards d'euros environ.

 

 

Habitants relogés, curage en cours

 

Le projet, retardé par plusieurs recours, notamment portés par les habitants des immeubles de la cité des Damiers voués à la démolition, a néanmoins poursuivit sa course, selon le promoteur, puisqu'une fois les recours purgés et les habitants relogés, les travaux de désamiantage et de curage des bâtiments existants ont débuté, en septembre 2019. De plus, précise la mise en demeure rendue publique le 3 mars, la société Hermitage "contrôle désormais l'intégralité du foncier du projet [...] à l'exception des biens de Paris La Défense".

 

Pour l'établissement public au contraire, le protocole est "caduc" depuis le 30 juin 2018, du fait du non-versement des avances prévues au protocole. "Inexact", répond le promoteur dans sa mise en demeure : l'accord reste valable, comme prévu, jusqu'en juin 2020. L'établissement public a indiqué, le 3 mars, à Batiactu maintenir sa position.

 

Refus de permis

 

Pour ajouter aux déboires du promoteur-investisseur, le maire (LR) de Courbevoie, Jacques Kossowski, ancien soutien du projet, a refusé, le 27 février, de proroger les permis de démolir nécessaires. Contactée par Batiactu le 3 mars, la Ville assurait qu'il ne s'agit que de se mettre en "conformité avec une décision préfectorale".

 

Le jour même, la société Hermitage a publié un communiqué indiquant que "le projet bénéficie de huit permis de démolir qui sont tous valides et dont les deux premiers ont déjà été mis en œuvre. Les autres seront mis en œuvre au fur et à mesure des besoins et bien évidemment à l'intérieur de leur période de validité. Ils n'avaient pas besoin de prorogation. C'est dans un scénario alternatif envisagé en 2019, dans l'hypothèse d'un démarrage plus éloigné, qu'Hermitage avait engagé le dépôt de nouveaux permis de démolir par précaution. Les travaux correspondants ayant pu être lancés plus rapidement, ces demandes n'ont pas été conduites jusqu'au bout et se sont naturellement soldées par un rejet".

 

"Il ne s'agit en rien d'un refus politique ou d'une perte de soutien, c'est un aspect purement matériel d'une procédure qui était devenue superfétatoire, et qui ne met en rien fin au projet", insiste le promoteur-investisseur, qui veut croire à une issue positive pour ce qui devait être "le plus haut building d'Europe".

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