«Je l’ai promise et je la ferai» : Nicolas Sarkozy confirme la déduction d’impôt des intérêts concernant les emprunts en cours contractés pour l’achat d’une résidence principales. Les réactions sont nombreuses.

Après une campagne électorale dont un des leitmotivs aura été l’envie d’une «France propriétaire», Nicolas Sarkozy, dans son nouveau siège de Président de la République, a réaffirmé mardi que la déduction fiscale annoncée des intérêts concernant l’achat d’une résidence principale s’appliquerait «à tous les emprunts en cours.»

Cette déclaration vient démentir les déclarations faites la semaine dernière par le ministre du budget Eric Woert, qui avait affirmé que la déduction ne s’appliquerait qu’aux résidences principales achetées après le 6 mai, jour de l’élection du nouveau président.

Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a néanmoins précisé mercredi au micro de France Info que cette mesure serait assortie d’un plafond car «on ne va pas déduire les intérêts pour l’achat d’un hôtel particulier dans le centre de Paris ou d’un château en Sologne.»

François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, demandait mercredi une «clarification» avant les élections législatives des 10 et 17 juin. Il a réclamé du gouvernement «que cessent ces mouvements d’annonces et de contre-annonces», et que soient formulées «la mesure, son montant, le plafond de la déduction, la durée d’application et le coût pour les finances publiques.» Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë a estimé pour sa part qu’il fallait «arrêter d’être dans la démagogie, le spectacle et l’électoralisme,» considérant que ces allègements d’impôts «concernent 90.000 foyers fiscaux alors qu’il y a 18 millions de Français qui payent l’impôt.»

Les primo-accédants vrais bénéficiaires ?
La CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) voit cette mesure comme «une très bonne chose pour faciliter l’accession,» mais demande également des éclaircissements sur la forme précise que prendra cette mesure. La CLCV précise qu’elle considère cette annonce «positive» même si elle ne représente pas «une réponse suffisante pour permettre l’accession à la propriété de nombreux foyers» qui ne pourront pas surmonter les prix actuels de l’immobilier. Et d’ajouter que «limiter les dispositions en faveur de l’accession aux seules réductions fiscales risque, en agissant sur les prix d’avoir peu d’impact.»

La Confédération nationale du logement (CNL) fait part dans un communiqué de son mécontentement face à cette mesure «scandaleuse» qui ne tient «aucun compte de la grave crise dans laquelle se trouvent de nombreux habitants et sans-abri de ce pays. Cette mesure est très onéreuse et risque de limiter considérablement les autres initiatives en faveur du logement.» Jean-Pierre Giacomo, président de la CNL, indique que «cette mesure ne profitera pas à ceux qui en ont le plus besoin. Les primo-accédants n’en seront pas les grands bénéficiaires comme le prédisent de nombreux économistes. Cela risque au contraire de leur nuire avec une probable flambée des prix.» Le PCF partage cet avis, et affirme «qu’il y a fort à parier que les principaux bénéficiaires seront ceux qui disposent de la plus grande capacité d’endettement.»

De 3 à 5 milliards d’euros
Le coût que pourrait engendrer cette mesure sur le budget de l’Etat varie selon les observateurs. Pour Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l’UMP, il s’agirait de «trois à quatre milliards sans doute.» Ségolène Royal, candidate PS à la présidentielle, s’interrogeait de son côté au micro de LCI sur la manière «dont ce cadeau fiscal sera financé, sur quelles catégories sociales seront pris ces deux à cinq milliards d’euros.» Plusieurs économistes évoquent de leur côté un cout de 10 milliards d’euros sur l’ensemble de la législature.

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