EMPRUNTER. Le taux d'usure, taux d'intérêt maximal auquel une banque a le droit d'accorder un crédit en France, passe la barre symbolique des 5% pour un emprunt sur 20 ans à taux fixe. Désormais révisé tous les mois, au moins jusqu'à la fin de l'année, ce nouveau seuil a été publié au Journal Officiel ce 29 juin.

Un taux de crédit immobilier qui peut atteindre jusqu'à 5,09% pour un emprunt sur 20 ans : la barre symbolique des 5% a ainsi été franchie ce 29 juin, après la publication de ce nouveau seuil au Journal Officiel. Cela suffira-t-il à faire repartir un marché de l'immobilier moribond ?

 

Alors qu'emprunter ne coûtait quasiment rien depuis des années, ces derniers mois voient en effet le marché immobilier totalement dérouté par les crises successives : le volume des crédits accordés n'a eu par conséquent de cesse de se réduire ces derniers mois.

 

Il est en effet aujourd'hui plus difficile d'emprunter (cf notre article) : les taux d'intérêts sont en hausse, et les règles du Haut conseil de stabilité financière, comme le taux d'usure, permettant la protection des consommateurs du surendettement, réduisent de facto le nombre d'emprunteurs. Le tout dans un marché chahuté, tant dans le neuf que dans l'ancien et ce, quel que soit le profil des acquéreurs, primo-accédant ou investisseurs. Pour certains, comme la banque de France ou encore cet acteur croisé récemment qui rappelait que "Les Français redécouvrent que l'argent a un coût", cette crise de l'immobilier n'est finalement qu'un retour à la normale et à l'équilibre après des années de fastes incontrôlés. D'autres, tels les courtiers, dénoncent des contraintes trop fortes qui gèlent les transactions et contribuent à accentuer la crise du logement aujourd'hui, une "bombe sociale" qui ne demande qu'à exploser. En attendant, les prix commencent à baisser, selon le dernier indice Notaire Insee, une situation qui ne s'était plus vu depuis 2015, même si de nombreuses disparités régionales ou de typologies (maisons ou appartements) demeurent.

 

Révisé désormais mensuellement par la Banque de France et non plus par trimestre, depuis le 1er février 2023, cette variation du taux d'usure permet aux banques de pouvoir normalement émettre plus de crédits. Le 13 juin dernier, le Haut Conseil de Stabilité financière avait également fait part de légers "ajustements" pour assouplir quelque peu les règles de condition d'octroi, sans pour autant avoir rassuré les professionnels. Pour Cécile Roquelaure, directrice des études du courtier Empruntis, sur le site éponyme, "La hausse [du taux d'usure] est exceptionnelle ! Avec 41 points de base de plus ce mois-ci sur les prêts de 20 ans et plus, le niveau d'ouverture du nouveau taux d'usure est le plus important depuis le début de l'année !" Et d'ajouter : "Cela démontre, comme nous le disions au début du mois de juin, que les hausses de taux des crédits proposés aux clients ont été très fortes. Les banques souhaitent vraiment purger la situation et espèrent un redémarrage pour le mois d'octobre. Cependant il faut prévoir encore de nouvelles hausses de taux de crédit pour les 3 mois à venir, mais si l'accès au crédit se normalise ce sera une véritable amélioration".

 

Pour tout savoir sur le taux d'usure, retrouvez notre article
Et suivre en ligne le cours mensuel du taux d'usure sur le site de la Banque de France.

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