Selon RTE (Réseau de Transport d'Electricité), la consommation électrique française tend à se stabiliser.Du côté de la production, les conditions météorologiques pluvieuses ont impacté les EnR et notamment l'hydroélectricité. Revue de détail avec Dominique Maillard, le président de RTE.

"La consommation électrique tend à se stabiliser aux alentours de 476 TWh/an depuis 2011, la traduction d'une stabilité, voire une décroissance de l'activité économique et l'effet cumulatif de mesures d'économies d'énergie, qu'il s'agisse d'équipements performants ou de changement des comportements", expose Dominique Maillard, le président de RTE, lors de la présentation du bilan électrique français 2013.

 

La consommation des PMI/PME, des particuliers et des professionnels, est d'environ 34 TWh par mois, en légère progression (+0,5 %). En revanche, le secteur industriel a moins consommé d'électricité, mais ce repli est moins marqué qu'en 2012, "il y a même un commencement de stabilisation à partir du deuxième semestre 2013", précise le dirigeant de RTE.

 

Plus d'EnR et plus de… charbon
Du côté de la production, l'année 2012 a été davantage pluvieuse que la moyenne, influant sur le débit des fleuves et sur le remplissage des réservoirs. "La production hydraulique a été élevée, avec 75,7 TWh contre 63,8 TWh en 2012", détaille Dominique Maillard. La production des énergies renouvelables dans leur ensemble est donc en augmentation, en ligne avec l'objectif des 27 % du mix énergétique en 2020. Les EnR représentaient, en 2013, un peu plus de 20 % de la consommation annuelle nationale. "Le parc éolien installé a progressé moins vite que les années précédentes. Mais il dépasse aujourd'hui les 8.000 MW et produit 15,9 TWh, soit 3 % de la production nationale. Le parc photovoltaïque est lui en progression rapide et dépasse maintenant les 4.300 MW. Il a produit 4,6 TWh d'électricité, ce qui représente 1 % de la production nationale", poursuit le président de RTE. Paradoxalement, si la production globale française a été en hausse (+1,7 %) en 2013, la puissance installée est en baisse (-0,7 %) dans le pays. Le déclassement de 2.200 MW de centrales thermiques obsolètes, fonctionnant au fioul ou au charbon, et ne répondant plus en termes de normes, n'a que partiellement été compensé par les EnR (éolien, photovoltaïque et biomasse). Si la production nucléaire est stable, celle des centrales à charbon a, pour sa part, fortement augmenté : +14 %. "Il s'agit d'un effet relatif au prix, le charbon étant moins cher. L'utilisation du gaz de schiste aux Etats-Unis rend disponible une grande quantité de charbon de ce côté-ci de l'Atlantique. La part du charbon dans la production thermique augmente donc, ce qui n'a pas forcément des effets positifs sur les émissions de CO2", explique Dominique Maillard.

 

Développer les interconnexions européennes
Concernant les échanges avec nos voisins européens, ils sont en hausse (+6,8 %). "La France est le pays le plus exportateur d'électricité d'Europe, notamment vers la Suisse et l'Italie, avec un solde net de +47 TWh", précise-t-il. "Les interconnexions sont donc toujours plus sollicitées, en particulier avec l'Allemagne, d'où nous importons de l'électricité produite par des EnR". Cette liaison frontalière serait même saturée la moitié du temps ! Le président de RTE plaide donc pour un renforcement du réseau : "Le développement des EnR et des interconnexions sont les deux moteurs des investissements de RTE, qui, avec 1,4 Mrd €/an, sont élevés". Dominique Maillard valorise la mise en service, après huit ans de procédures (et seulement 15 mois de travaux), de la ligne aérienne Cotentin-Maine de 180 km, destinée à la future tranche EPR et aux potentielles hydroliennes de la Manche. Il insiste également sur la nécessité de créer de nouveaux postes électriques, afin de faire face aux renouvelables. "Ces énergies sont intermittentes, certes, mais pas imprévisibles, notamment grâce aux prévisions à 24 heures de Météo France. Les EnR nécessitent des instruments de flexibilité : le stockage décentralisé idéalement sur le site de production, le stockage concentré par pompage, l'adaptation à la demande par des mécanismes d'effacement voire de consommation positive… Et l'utilisation des réseaux intelligents, permettra de tirer le meilleur parti des ressources existantes", conclut le dirigeant de RTE.

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